INTERSTELLAR de Christopher Nolan


Attention spoilers ! Il est préférable d'avoir vu le film avant de lire ce post.

Christopher Nolan n'est pas à un cinéaste qui choisit la facilité; même s'il évolue désormais dans le blockbuster, il continue à développer des thèmes dramatiques forts, et sait mêler savamment l'intime au grand spectacle. Son "Interstellar" ne déroge pas à la règle, et on peut l'affirmer sans soucis, Nolan ne prend pas le spectateur pour un con : il lui en donne pour son pognon en matière d'action et de suspens (même si ce n'est pas là ou il brille le plus), sans négliger les enjeux humains et émotionnels. Et comme à son habitude, il lui offre également de quoi réfléchir : un film de Nolan prête aux discussions post-visions et à l'analyse.
Son film est scindée en 3 parties. La première se focalise sur Cooper et sa famille, ainsi que le rôle qu'il aura à jouer : aider à la sauvegarde de notre espèce. La deuxième le voit douter et culpabiliser de ses choix, refuser puis accepter son sort, tout en tentant de mener à bien la mission-suicide entreprise. La dernière partie est l'acceptation de son rôle, sa mort potentielle et sacrificielle.
Les figures du suicide et du sacrifice sont deux des thèmes les plus présents dans le cinéma de Christopher Nolan ces dernières années : le Dark Knight de sa trilogie Batman est un héros indéniablement auto-destructeur, traumatisé par le meurtre de ses parents, et qui sacrifie sa santé mentale et physique pour sauver Gotham; Robert Angier/Hugh Jackman doit se tuer sur scène tous les soirs pour accomplir son "Prestige"; Cobb/DiCaprio, dépressif depuis le suicide sa femme, doit accepter de sacrifier potentiellement sa raison pour tenter de "renaitre" hors des rêves.

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Ici, à nouveau ces thèmes sont abordés, et sont même l'enjeu principal de son long-métrage. "Interstellar" est un spectacle qui porte à la réflexion, donc, mais qui ne néglige absolument l'aspect spectaculaire; Nolan, comme à son habitude, propose des images incroyables et inédites : la traversée du trou de verre, les paysages des planètes visitées et potentiellement capables d'abriter notre humanité menacée d'extinction, la course-poursuite dans l'espace entre Cooper/Matthew McConaughey et Mann/Matt Damon (dont l'apparition est une véritable surprise, son rôle n'ayant fuité ni dans les médias ni dans la tournée promotionnelle) afin de rejoindre le vaisseau-mère, et bien entendu toute la scène dans le trou noir, véritable tour de force émotionnel et visuel.
Le réalisateur arrive également a équilibrer parfaitement les allers-retours entre les scènes sur Terre (Jessica Chastain est à nouveau superbe de justesse, Casey Affleck, un peu en retrait, et Michael Caine magistral !) et celles de la mission spatiale.

Sans être le nouvel "2001 : Odyssée de l'espace" annoncé un peu partout dans les médias "Interstellar" est un long-métrage superbe dans ses partis-pris visuels et émouvant comme rarement l'ont été les films de science-fiction. Nolan a ajouté une nouvelle pièce d'importance à son édifice cinématographique, prouvant à ses détracteurs qu'il a un talent et une maitrise de son art qui forcent le respect.

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