DONALD WESTLAKE & PARKER de Taylor Hackord

 

Écrivain new-yorkais décédé en 2008, Donald Westlake est une figure importante du polar noir américain. Prolifique comme peu l'ont été, il a écrit des dizaines de livres sous son véritable nom ou sous pseudo (plus d'une dizaines !), et a vu plusieurs de ses œuvres portées à l'écran, aussi bien aux USA qu'en France, ou il jouit d'une forte réputation ("Le jumeau" d'Yves Robert, "Made in USA" de Jean-Luc Godard, "Le commissaire mène l'enquête" de Fabien Collin, "Mise à sac" d'Alain Cavalier, "La divine poursuite" de Michel Deville, ou "Le couperet" de Costa-Gavras).Il a également travaillé comme scénariste, adaptant aussi bien certains de ses livres que ceux des autres.
Sa reconnaissance à Hollywood est arrivée assez vite, au milieu des années 60, quand John Boorman porta à l'écran "Le point de non-retour", une des aventures du cambrioleur/truand Parker, interprété ici par Lee Marvin. Westlake rédigea presque une trentaine de bouquins autour de cet anti-héros, sous le pseudo de Richard Stark, et vit plusieurs autres aventures adaptées au cinéma (dont "Echec à l'organisation" et "Payback - le remake du film de Boorman). L'autre cambrioleur-star de l'auteur, Dortmunder, fut lui aussi adapté avec "Les 4 malfrats" de Peter Yates, et "Why Me? Un plan d'enfer" de Gene Quintano.

"Parker" de Taylor Hackford est la dernière adaptation en date d'un de ses romans, et le scénario est très fidèle au style du romancier. Parker, truand à la recherche d'un bon coup, s'associe à une bande pour braquer les caisses d'une foire en Ohio; trahi par ses co-équipiers, il est laissé pour mort au bord d'une route, plusieurs balles dans le corps, mais s'en sort de justesse. Il se lance alors dans une expédition vengeresse, afin de récupérer l'argent qui lui est dû et dessouder ses anciens partenaires qui préparent un nouveau à Palm Spring.
En 1999, Mel Gibson avait interprété Parker de très belle manière (appelé ici Porter; bizarrement, de toutes les adaptations faites, le film de Taylor Hackford est le seul ou le héros garde son nom d'origine)) dans "Payback" de Brian Helgeland; la version sortie en salles avait été en partie reshooté et remontée par l'acteur, qui n'avait pas aimé les tonalités trop sombres et durs apportées par le réalisateur/scénariste. Depuis, Gibson a changé son fusil d'épaule, et financé de sa propre poche le director's cut disponible en bluray aux états-unis (un achat obligatoire pour tous les fans; "Payback" était déjà un très bon film mais la version director's cut est géniale !).
Jason Statham s'en sort très bien dans le rôle-titre; outre sa présence physique (il en prend plein la tronche tout le long du film, entre bastos, coups de couteau et tête au carré), il apporte par touches bien dosées une belle dose de second degré, faisant de son interprétation une des meilleures de sa carrière. Une belle surprise pour moi, alors que je ne suis pas trop fan du gars, qui s'éparpille trop souvent selon moi, entre comédies violentes bourrines (les "Transporteur" et autres "Hyper-tension) et polars de séries B un peu trop faciles.
Il est ici secondé par Jennifer Lopez, Michael Chicklis, Nick Nolte et une belle brochette de seconds rôles aux trognes de circonstances.
Le réalisateur a choisi Jim Muro pour directeur de la photographie; réalisateur, scénariste du cultissime "Street Trash", Muro est devenu depuis de nombreuses années le meilleur opérateur de steadycam du marché (notamment sur "Abyss", "Titanic", "JFK" ou "Casino"; sa film est incroyable : filmo de Jim Muro visible ici ), et depuis le "Open Range" de Kevin Costner un directeur de la photographie hors pair. Il livre ici une photo magnifique et colorée aux mouvements de caméra classieux.

Selon moi, "Parker" est plus qu'une simple série B, un excellent polar du samedi soir sans temps morts; de plus j'y est tout à fait retrouvé l'état d'esprit des écrits de Westlake. Hélas, son échec au box-office enterre surement l'éventualité d'une ou plusieurs suites alors que la matière est bien là, publiée noir sur blanc dans des romans old school mais toujours fun à lire.


Le bluray est de belle qualité, rendant tout à fait justice à l'image lumineuse et à la palette de couleurs voulues par le réalisateur Taylor Hackford et son opérateur Jim Muro. Le son est dynamique et bien réparti sur la piste Dts-5.1.
La partie bonus est correct : commentaire audio du réalisateur, et plusieurs courts modules sur le tournage et le héros en titre.

La bande annonce :

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