BLURAY : EXCALIBUR de John Boorman
John
Boorman a tenté de porter à l'écran la Trilogie du "Seigneur des
anneaux" pendant une bonne partie des années 60 et 70. Ces multiples
tentatives ont échoué en raison de problèmes de droits complexes et
couteux, et de son désir de transposer le tout en plusieurs films, ce
qu'aucun producteur de l'époque n'accepta. Frustré après des années de
préparation et de repérages, il abandonna le projet et décida d'utiliser
tout le travail déjà fourni pour une nouvelle adaptation des écrits de
Thomas Mallory sur la légende du roi Arthur et de ses chevaliers de la
table ronde (Mallory rédigea 21 volumes autour de cette légende au
milieu du 15ème siècle : "Le Morte D'Arthur"). Écrit à 4 mains avec
Rospo Pallenberg, un fidèle collaborateur de Boorman, le scénario fut
immédiatement accepté par le studio Orion Pictures qui valida même
plusieurs exigences imposées par le réalisateur : tourner le film chez
lui, dans les forêts irlandaises adjacentes à sa maison; passer outre
les habituelles clichés hollywoodiens sur le mythe en offrant une vision
adulte, violente et réaliste; n'engager que des acteurs inconnus du
grand public ou quasi débutants afin de privilégier l'histoire.
Secondé
par une impressionnante quantités de talents (Alex Thompson à la photo,
Wally Veevers aux effets spéciaux, Tim Hutchinson à la direction
artistique, Neil Jordan en assistant-réalisateur), et un casting
incroyable glané à la télévision anglaise et sur les scènes de théâtres
londoniens, Boorman passa donc 6 mois à tourner "Excalibur" loin
d'Hollywood, peaufinant dans les moindres détails sa vision de la
légende arthurienne : Arthur, bâtard du roi Uther Pendragon, devient roi
de Bretagne à son tour grâce au magicien Merlin, et forme la confrérie
des chevaliers de la table ronde afin d'unifier le pays, puis de
retrouver le Saint Graal.
Le
résultat, ici, est tout simplement magnifique : le réalisateur livre un
film certes sombre, entre complots, amours interdits et combats
sanglants, mais n'oublie jamais que l'histoire contée est aussi emprunte
de magie, et offre donc un spectacle riche et flamboyant. Aujourd'hui
encore, le long-métrage est toujours quasi inégalé dans sa direction
artistique : les armures luisent sous un soleil rougeoyant, les
chevauchées à cheval se font sous une pluie de fleurs, et les forêts
ancestrales aux reflets émeraudes semblent irréelles et mystérieuses.
Chaque plan atteint la perfection, et de nombreuses scènes restent
inoubliables tant les partis-pris de Boorman sont judicieux et en
adéquation avec ses intentions quasi féériques.
Pour
autant, le réalisateur n'en oublie pas l'interprétation : Nigel Terry
est un Arthur noble et valeureux, Helen Mirren une superbe et perfide
fée/sorcière Morgane, et la touche de légèreté (voir de fantaisie) est
judicieusement apportée par Nicol Williamson en Merlin fatigué du combat
des hommes pour obtenir le pouvoir. Tous les seconds rôles sont
parfaits, et certains d'entre eux deviendront même des stars dans les
années à venir (Nicholas Clay, Gabriel Byrne, Liam Neeson, Patrick
Stewart, Ciaràn Hinds).
Le
film fut présenté à Cannes en mai 81 et y reçu un accueil enthousiaste,
frôlant même la Palme d'Or selon les dires de certains membres du jury
(Boorman se verra quand même remettre un prix pour les qualités
artistiques de son film). 35 ans plus tard, "Excalibur" n'a rien perdu
de sa magie et est devenu non seulement culte, mais aussi le chef
d’œuvre d'un Boorman en état de grâce.
Le
bluray édité par Warner est hélas décevant. L'image alterne
régulièrement entre gros plans très précis et plans larges parfois
légèrement flous pour cause d'une imagerie voulue volontairement
diffuse, et le son remixé en 5.1 offre peux d'effets à l'arrière,
concentrant toute sa dynamique sur les enceintes avants et centrale.
Alors
qu'il y avait beaucoup à dire sur la production du film, il n'y a aucun
bonus à se mettre sous la dent, mis à part un commentaire audio non
sous-titré en français (comme d'hab chez Warner).La bande annonce :
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