LIVRE : JOHN LANDIS de Giulia D'Agnolo Vallan

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Cinéaste peu reconnu malgré les nombreux succès cinématographiques et télévisuels contenus dans sa filmographie, John Landis méritait amplement un livre autobiographique de qualité. C'est la journaliste Giulia D'Agnolo Vallan qui s'est attelé à la tache au début des années 2000, dans un livre publié en Italie en 2004, et complété dans cette deuxième édition en langue anglaise en 2008.
De la même génération que Steven Spielberg et Joe Dante, il est comme eux une véritable encyclopédie du cinéma, un passionné élevé par la télévision des années 50 et les doubles-programmes du cinéma local. Rêvant de travailler dans le cinéma, il s'est dégotté, à 18 ans, un job d'homme à tout faire sur le tournage de "De l'or pour les braves" de Brian G. Hutton, comédie de guerre culte filmée en Yougoslavie, avant de partir un an en Espagne jouer les cascadeurs dans un bon paquet de westerns, dont "Il était une fois dans l'ouest", "Mon nom est Personne", "El Condor" de John Guillermin et "Les brutes dans la ville" de Robert Parrish, et d'être même figurant sur le "Soleil rouge" de Terence Young. Pas si mal pour quelqu'un qui avait menti sur son CV en affirmant faussement savoir monter à cheval !
Revenu aux États-Unis au début des années 70, il bossa un temps pour Roger Corman, passage quasi obligé pour tous les aspirants cinéastes de l'époque, pour financer son premier film de réalisateur, "Schlock le tueur à la banane", une parodie réalisée en hommage aux films de monstres de son enfance. Repéré par le trio Zucker-Abrahams-Zucker qui souhaitaient transposer certains sketchs de leur spectacle au cinéma, il mis en scène "Hamburger film sandwich", hilarant long-métrage fourre-tout qui rencontra un énorme succès aux USA. Mais c'est l'année suivante que sa carrière pris un tournant décisif quand Universal Pictures l'engagea pour réaliser "American Collège", qui devint l'un des blockbusters de 1978 grâce à la popularité énorme de John Belushi et à la renommée du National Lampoon, un journal satyrique de l'époque. Suivirent "Les Blues Brothers", "Le loup-garou de Londres", "Un fauteuil pour 2" et le clip "Thriller" de Michael Jackson. Cette époque peut largement être considéré comme l'age d'or de sa carrière, ses films récoltant des centaines de millions de dollars à travers le monde et en faisant un des réalisateurs les plus cotés.
Engagé par Spielberg pour être un des 4 réalisateurs de la version cinématographique de "La 4ème dimension", Landis voit Hollywood lui tourner le dos suite à un accident d'hélicoptère mortel qui couta la vie à Vic Morrow et à 2 jeunes enfants figurants. Traumatisé et lâché par ses amis du métier, il s'écarte des plateaux de tournages une paire d'années, avant de revenir par la petite porte, en réalisant quelques comédies ("Série noir pour une nuit blanche", "Three amigos", "Drôles d'espions") et documentaires. C'est Eddie Murphy qui le remettra sur les rails en lui proposant de mettre en scène "Un prince à New-York", qui relancera un temps sa carrière. Mais Landis traine comme un boulet l'accident de "La 4ème Dimension" (et le procès à rallonge qui s’ensuivit), ce qui lui ferme de nombreuses portes, et c'est vers la télévision qu'il se tourne, en produisant la série "Dream On" pour HBO. Énorme succès, elle lui permet de retourner au cinéma mais l'envie n'y est plus vraiment, et les œuvres qu'il livre sombrent rapidement au box-office. Depuis, Landis alterne entre cinéma et TV, réalisant de petites comédies mal distribuées et des épisodes de séries, en bon yes-man qu'il est devenu.
D'Agnolo-Vallan revient sur tous les grands moment de la carrière de Landis à travers une interview de plus de 120 pages, en faisant un véritable making-of de ses films; il répond à toutes les interrogations de l'auteur, souvent avec humour, et surtout sans langue de bois lorsqu'il s'agit de revenir sur le tournant dramatique qu'à pris sa carrière. Mais le bouquin comporte également une quantité impressionnantes d'interviews : Guillermo Del Toro, Joe Dante, Rick Baker, David Cronenberg, Franck Oz, Dan Aykroyd, Harols Ramis, les frères Zucker reviennent sur leur collaboration ou leur amitié avec Landis.
Le livre est illustré de dizaines de photos parfois totalement inédites, et complété par plusieurs articles écrits par Landis pour des revues de cinéma, ainsi qu'une rencontre avec Jack Arnold, un de ses cinéastes fétiches,  organisée pour lui par les Cahiers Du Cinéma.
Complet au possible, ce bouquin grand format mérite impérativement d'être lu, car il est pour l'instant le seul témoignage de ce grand cinéaste pas assez reconnu, alors que certaines de ses œuvres figurent parmi les plus populaires des années 70/80.

325 pages / 29,95$

A voir absolument, un excellent entretien de presque 3 h entre Kevin Pollack et John Landis himself :

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