BLURAY : REVENGE de Tony Scott
Considéré
comme un des films les moins connus de Tony Scott, "Revenge" a connu
sont lot de galère avant d'être enfin distribué correctement.
Initialement prévu pour John Huston au début des années 80, le projet
est passé entre les mains de Don Johnson, alors star de la série "Miami
Vice", Kevin Costner (qui n'acceptait de le tourner que s'il pouvait le
réaliser; une demande rejetée par les producteurs), Sydney Pollcak,
Jonhatan Demme, Walter Hill (avec jeff Bridges dans le rôle principal),
et Jack Nicholson. Il atterrit finalement sur le bureau de Tony Scott,
qui fort des succès consécutifs de "Top Gun" et "Le flic de Beverly
Hills 2", voyait arriver chez lui tous les scripts un temps soit peu
intéressant en circulation !
Comme
à l'accoutumé, Scott entama très vite la pré-production du métrage,
sitôt le casting recruté; Costner accepta d'être le rôle principal en
échange d'un crédit de producteur exécutif. Le tournage fut des plus
chaotiques, du fait de conflits violents entre Scott et Ray Stark,
fondateur et propriétaire de Rastar Films, et principal financier du
projet. Stark souhaitait enlever toutes les scènes jugées trop
scabreuses, alors que Scott, en accord avec son couple vedette
Costner/Stowe, souhaitait aller le plus loin possible dans l'érotisme
démonstratif. Évincé de la salle de montage, Scott ne confirma jamais
que la version distribuée en salles était sa vision du film, et ne
participa pas à la campagne marketing lors de la sortie du film. Le
succès rencontré fut mineur, malgré la popularité de Kevin Costner en
tête d'affiche. Le film mettra même 18 mois à sortir en France, et
encore, en bouche-trou au début de l'été 91 !
Alors
qu'il vient de quitter la Navy, Cochran part au Mexique se ressourcer
et retrouve Tiburon Mendez, riche businessman mexicain qu'il avait
rencontré peu de temps auparavant. Il tombe instantanément amoureux de
la femme de celui-ci, Miryea, et vit une aventure passionnée avec elle.
Mais, Mendez, en fait un mafieux local impitoyable, refuse la situation
et ordonne la mort de Cochran et l'enfermement de son épouse dans un
bordel. Celui-ci s'en sort de justesse, et va tout faire pour retrouver
Miryea, et se venger de Mendez
Sombre
et sans concession (le film est adapté d'un roman de Jim Thomson,
maître de la série noire), "Revenge" est le film qui a permis à Scott le
premier virage de sa carrière. Formé à l'école de la pub avec son frère
Ridley, Tony Scott avait été vite récupéré par le duo de producteurs
Jerry Bruckheimer/Don Simpson, après la réalisation de son premier film,
"Les prédateurs". Ils lui avaient offert sur un plateau "Top Gun",
qu'ils voulaient clipesque et "mode", puis le deuxième volet des
aventures d'Axel Foley/Eddie Murphy à Beverly Hills. Mais Scott voyait
plus loin et surtout plus sombre, et avait des envies d'émancipation,
et"Revenge" va indéniablement dans ce sens. Il semble même qu'il décide
de casser, dès les premières minutes, le film qui a fait sa gloire, en
faisant de Cochran un ancien pilote de la Navy fatigué de voler, et
désireux de se ranger des avions ! Un aveu direct de Scott à ses amis
producteurs, avec qui il avait déjà signé pour réaliser "Jours de
tonnerre", démarquage sur 4 roues des thèmes de "Top Gun" ?
Reste
que même s'il conserve ici son style cinématographique, Scott pare
"Revenge" d'un érotisme et d'une violence bien éloignés de ses films
précédents. De même qu'il ne cache rien des ébats passionnés de Kevin
Costner et Madeline Stowe (qui n'a jamais été aussi belle qu'ici !),
Scott n'hésite à montrer dans son film une violence crue et frontale :
Costner se fait littéralement défoncé le portrait par les sbires de
Mendez/Anthony Quinn, et Stowe finit défigurée, droguée de force et
envoyée dans une maison de passe de bas étage...
Ces
débordement graphiques tant érotiques que violents, le réalisateur a pu
les réintégrer dans leur totalité, à l'occasion d'une édition dvd
director's cut que lui a commandé la Columbia, détentrice des droits du
film après la faillite de la New World Pictures. Cette version diffère
considérablement de celle voulue par Ray Stark : 20 minutes ont été
ôtées, accélérant notablement la première partie du film, les
retrouvailles de Cochran avec Mendez, éludant de nombreuses scènes entre
les amants luttant pour ne pas céder à leurs pulsions, et rendant la
vengeance du héros plus déterminée. "Revenge" devient même un film
raconté en flashback, le film s'ouvrant sur la découverte d'un Costner
ensanglanté et laissé pour mort dans le désert mexicain !
Mieux
rythmé, le métrage gagne là ces galons de polar hard-boiled énervé,
préfigurant "Man on fire", également un film de vengeance ou le héros
(un anti-héros, en fait) part dans une vendetta suicidaire.Le final, dramatique et nimbé d'une tristesse mélancolique toujours aussi poignante, en devient même encore plus fort.
Dans
sa forme originelle, "Revenge" était déjà un très bon film; avec ce
director's cut, Tony Scott livre là le premier chef d’œuvre de sa
filmographie, son premier diamant noir et brut. Il annonçait "True
romance" et "Man on fire", ses films les plus sombres tant sur le style
que dans la forme, et démontrait qu'un réalisateur estampillé "pub &
clip" pouvait être aussi un vrai grand cinéaste !
Le
bluray édité par Sony/Columbia est de facture honnête. L'image affiche
certes de belles couleurs vives, mais est parfois granuleuse,
principalement durant les scènes nocturnes. La piste son 5.1 fait la
part belle à la musique, mais est un peu en retrait sur les bruitages.
Les bonus (repris de l'édition dvd) : un commentaire de Tony Scott, qui
revient sur les différents montages et le tournage en lui-même; une
featurette d'une quinzaine de minutes, qui revient elle aussi sur les
montages et l'ajout de violence et d'érotisme dans le director's cut.
belle critique ! j'ajoute que je le préfère à "Man on fire"...
RépondreSupprimerLarry, t'a toujours été un homme de gout ! ;-)
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