LIVRE : JOHN BELUSHI - LA FOLLE ET TRAGIQUE VIE D'UN BLUES BROTHER de Bob Woddward

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Il aura fallu 30 ans pour que la biographie écrite par Bob Woodward soit enfin traduite en français et publiée par chez nous, alors qu'elle avait été un énorme succès lors de sa publication aux États-Unis, faisant même un petit scandale du fait de son portrait sans concession d'une star ultra populaire du petit et du grand écran, et avait même été adapté au cinéma en 1989, dans le méconnu et inédit par chez nous "Wired", réalisé par Larry Peerce et avec Michael Chiklis dans le rôle titre. Un film d'ailleurs décrié mais pas si raté, et qui avait l'audace d'être raconté par le fantôme de John Belushi, après son arrivée à la morgue !
Belushi, né à Chicago en 1949, est mort d'une overdose à 33 ans, après une vie entière d'excès. Il a réellement cramé sa vie par tous les bouts, entre drogues, alcools et fêtes sans fin, après avoir été starifié 7 ans auparavant par le "Saturday night live" de Lorne Michaels, et être apparu dans une poignée de films et de shows tv.
Bob Woodward revient sur cette vie gâché à travers un livre ultra documenté, et bourré d'anecdotes parfois effrayantes : Belushi était devenu rapidement un monstre égoïste, égocentrique et auto-destructeur, capable du pire lorsqu'il était défoncé à la cocaïne, sa drogue de prédilection. Woodward n'omet ici aucuns détails, et dresse un portrait sans artifice de ce génie comique, de ses premiers cachets avec la troupe du "Second city" à l'explosion médiatique durant les années "Saturday night live", en passant par ses concerts avec les Blues Brothers et les tournages des 7 films auquel il a participé. Devenu une star énorme, Belushi craignait en permanence de ne plus être drôle, et cachait ses angoisses sous une attitude punk, d’où découlait bien entendu une défiance permanente à l'autorité, et donc envers les studios qui le convoitaient pour leurs films. Le tournage des "Voisins" en est l'exemple le plus flagrant : au delà d'être un mauvais choix de carrière, son rôle étant bien trop passif et soumis, ainsi qu' à l'opposé de l'image qu'il véhiculait depuis son rôle-phare de Bluto dans "American Collège", il a littéralement peté les plombs face au réalisateur John G. Avildsen et aux producteurs David Brown et Richard Zanuck, leur faisant vivre l'enfer, entre abus de drogues permanents, crises de nerfs voir de folie, et tentatives ratées de récupérer à son compte le métrage, apeuré (à raison, le film n'étant jamais drôle !) par l'incapacité du metteur en scène à livrer une bonne comédie. C'était là le point d'orgue de ses frasques, mais à un niveau de violence tel que l'échec du film au box-office, ainsi que sa réputation d'être devenu quasi incontrôlable, aurait de toute façon eu des conséquences négatives sur la suite de sa carrière. Son projet suivant, une comédie sur un baron de la drogue réalisée par Louis Malle, annonçait à nouveau une comédie noire pas drôle, et qu'il tentait encore de cannibaliser en en faisant une ode à la punk-attitude, une de ses obsessions. Seuls une remise en question totale de ses choix de vie (ce qu'il n'envisageait d'ailleurs pas) et les 2 scénarios développés à l'époque par son pote Dan Aykroyd, "Ghostbusters" et "Drôles d'espions", auraient pu relancer une carrière déjà déclinante, qu'il avait peut-être (consciemment ou pas) saboté à grands coups de stupéfiants sniffés à doses massives.
Ses derniers jours, très détaillés dans le livre, confirment d'ailleurs ces états de fait indéniables : alors qu'il essayait quotidiennement de contrôler son entourage afin d'obtenir reconnaissance, argent, drogues, affection, ou autres, il ne parvenait plus à maitriser sa vie, tombant dans une déchéance mentale et physique totales. On voit mal comment il aurait pu surmonter tout cela...
Belushi, comme beaucoup de comiques, était un personnage complexe, torturé et très fragile; il était donc presque logique que son nom s'inscrive bien trop vite au panthéon des artistes trop tôt disparus, littéralement bouffé par ses excès et son incapacité à maitriser sa vie. 



Le lien vers le site de l'éditeur : capricci

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