BLURAY : LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN de John Carpenter



 "Les Aventures De Jack Burton Dans Les Griffes Du Mandarin" était à l'époque le point d'orgue de la carrière de John Carpenter : une major qui finance à hauteur de 25 millions de dollars (son plus gros budget à l'époque) et une totale liberté de création. Carpenter saura en profiter et fera de son 9ème film un ovni dans sa filmo : sa seule véritable comédie, doublé d'un hommage tout personnel aux films d'action asiatiques qu'il affectionne.
Issu du ciné indépendant, Carpenter a gravi très vite les échelons lui permettant d’accéder à des budgets en rapport avec ses ambitions; révélé au grand public par le succès énorme et inattendu de "La Nuit Des Masques" aka "Halloween", il est recruté par la télé pour réaliser 2 téléfilms qui auront chacun un immense succès : "Meurtre Au 43ème Étage" et "Elvis" (premier des 5 métrages qu'il tournera avec Kurt Russell). Sa carrière est enfin lancée, ce qui lui permet de tourner 2 films personnels, "Fog" et "New-York 1997", qui le propulseront dans la cour des grands et lui ouvriront la porte des majors. Universal l'embauche pour "The Thing", son chef d’œuvre massivement boycotté par un public plus prompt à aller voir l'autre film d'extra-terrestre sorti au même moment, le "E.T." de Spielberg;  Columbia le recrute pour "Christine" et "Starman", 2 métrages aux qualités cinématographiques indéniables mais aux succès mitigés, qui même s'ils ne mettent pas à mal sa réputation, font craindre à ses fans qu'il se soit quand même un peu vendu aux studios.


Il rebondit néanmoins très vite en signant avec la Fox pour "Big Trouble In Little China", mélange habile de comédie et d'action, ou il retrouve son désormais compère Kurt Russell : dans le Chinatown souterrain et secret, Jack Burton, un routier-aventurier vient en aide à son ami Wang, dont la fiancée a été enlevé par Lo-Pan, fantôme/magicien vieux de plus de 2000 ans désirant retrouver forme humaine.
Le scénario est délirant, les gags fusent sans discontinuer, et le rythme du film est haletant; c'est même le film le plus rapide de son auteur, lui qui d'habitude aime faire progresser son récit en prenant un peu plus son temps. Le film avait parfois été taxé de raciste envers la communauté asiatique lors de sa sortie dans les salles américaines, alors que bien au contraire, c'est de son héros américain pur-jus qu'il se moque : Jack Burton (formidablement interprété par un Kurt Russell en très grande forme) avance tout au long du récit sans réellement comprendre ce qui arrive et en ne quittant jamais son attitude de beauf-frimeur, obnubilé par la recherche de son camion volé et ayant toujours une vanne en bouche; et c'est sans compter son aptitude à arriver quasi systématiquement dans la bataille avec un train de retard, à s'assommer en tirant en l'air, à se retrouver bloqué sous le cadavre d'un ennemi qu'il vient de tuer, et à combattre le bad-guy en chef avec des traces de rouge à lèvres en travers du visage ! En version originale, on peut même surprendre Kurt Russell parler à plusieurs reprises en trainant la voix "à la John Wayne", ce qui n'a pas dû plaire forcément à un public ricain pour qui le Duke reste encore aujourd'hui un héros national...
Pour le coup, dans ce film, le vrai héros (au sens classique du terme) est chinois : Wang, preux chevalier adepte des arts martiaux, qui part à la rescousse de sa fiancée kidnappée, entrainant bien malgré lui un Jack Burton dépassé par les évènements.
Dérouté, le public ne suivra pas : malgré ses qualités indéniables et son ton léger qui en fait un blockbuster estival idéal, le film se plantera, dépassant à peine les 10 millions de recettes aux États-Unis. Il sonnera le glas, pour un temps, de la carrière de Carpenter avec les grands studios. Celui-ci retournera dans le circuit indé pour 2 nouveaux chefs d’œuvres : "Prince Of Darkness" et "They Live".


Tourné il y a bientôt 30 ans, "Jack Burton" est désormais, et à juste titre, devenu culte; il reste un très chouette film d'action joyeux et décomplexé, bourré d'effets spéciaux old school, de combats aux sabres et à mains nues, et de magie ancestrale chinoise; un film qui ne se prend jamais au sérieux, et qui se revoit toujours aussi bien (le cadre et la photo de Dean Cundey sont toujours aussi classes, et aident indéniablement le film a passer les années sans réellement vieillir).

Le bluray édité par la Fox reprend les bonus de l'édition double dvd : commentaires audio du réalisateur et de la star, presque 30 mns de scènes coupées, un making-of d'époque, une fin alternative qui n'apporte rien, une interview de Richard Edlund (responsable des effets spéciaux), et un clip du groupe de John Carpenter, Nick Castle et Tommy Lee Wallace (Coupé De Ville) interprétant la chanson du générique de fin.
Le commentaire audio, sous-titré en français, est à écouter impérativement pour se rendre compte de la complicité évidente entre Carpenter et Russell; ces mecs se connaissent depuis longtemps, se respectent, et surtout partagent une vision identique de leurs métiers. Entre 2 fous-rires, ils se remémorent plusieurs moments forts de leurs carrières, et reviennent  sur leurs travaux communs précédents avec nostalgie. Du tout bon pour les fans !
Sinon, concernant la qualité générale du bluray, l'image est au top et la bande-son 5.1 Dts fracassante !

Pour les complètistes, l'éditeur anglais Arrow a sorti fin 2013 une édition bluray encore plus riche, comprenant, en plus des bonus précités : Return to Little China (interview récente de John Carpenter) / Being Jack Burton (interview récente de Kurt Russell) /Carpenter and I (interview récente de Dean Cundey) / interview du producteur Larry Franco.



Le clip de Coupé De Villes :

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