BLURAY : LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY de Ben Stiller



Étrange carrière que celle de Ben Stiller : humoriste, il a animé son propre show  au début des années 90 (13 épisodes écrits avec Judd Appatow, remplis de parodies de films, de fausses pubs, faux clips et de sketches tous hilarants) vite annulé par HBO pour cause de très faible succès. Acteur, il fait le grand écart entre des comédies fédératrices et populaires ("Une Nuit Au Musée" 1, 2 et bientôt 3, la trilogie "Mon Beau-Père...", "Dodgeball", et compagnie..) et des drames d'auteurs (après tout, le gars avait quasi débuté chez Spielberg dans "L'Empire Du Soleil" en 1987) dont des films de David O. Russell, Neil Labute et Wes Anderson; certains de ses choix, comme "Permanent Midnight" , étaient certes risqués, mais on sent bien qu'il a le nez fin pour trouver des metteurs en scènes avec un réel univers à même de transcender leurs scénarios.
Réalisateur, il se montre beaucoup plus audacieux, n'hésitant à faire dans la critique plus acerbe même si elle est teintée de comédie. Sa première réalisation "Génération 90" racontait la fin des années lycée et les débuts dans la vie active d'une bande de potes de la "génération X"; "Disjoncté" était une comédie particulièrement sombre ou Jim Carrey devenait carrément dingue à force de solitude; "Zoolander" fustigeait le monde de la mode et  de ses mannequins décérébrés; quand à "Tonnerre Sous Les Tropiques", c'est tout simplement une des critiques les plus virulentes d'Hollywood et de son star-system qu'on ait vu sur grand écran...


Ben Stiller a des choses a dire et sait s'entourer, mais pour son 5ème film, "La vie Revée  De Walter Mitty" (remake d'une comédie de 1947 avec Danny Kaye), il rend le tout beaucoup plus abordable par le grand publique. L'histoire : Mitty, responsable des archives photographiques du magazine "Life" a du abandonner, suite à la mort de son père quand il était ado, ses envies de voyager à travers le monde et de vivre une vie pleine et riche. Renfermé sur lui-même et frustré, il se réfugie au quotidien dans des rêves plein d'aventure, d'action et de romantisme, ou il est le vrai acteur de sa vie. "Life" passant au tout numérique et la majorité des employés étant viré, il part à travers le monde, à la recherche d'une photo perdue désignée à  être la dernière couverture du magazine. 

Feel good movie par excellence, "La vie Rêvée De Walter Mitty" est un vrai joli film qui, même s'il aligne quelques clichés (le héros qui s'est sacrifié et qui reprend sa vie en main; l'histoire d'amour avec sa collègue de travail, gentille mère célibataire; les employeurs, cadres bêtes, cyniques et détestables), retrouve le charme des films légers des années 40, nous donne instantanément envie d'être aux cotés de ce héros ordinaire, et de participer à ses aventures pas banales et toujours empreintes d'humour.
Pour la mise en scène de son film, Ben Stiller a sorti les grands moyens : un superbe générique qui s'incruste dans les décors et sur les façades d'immeubles; l'explosion d'un immeuble new-yorkais; un combat digne de "Matrix" avec son nouveau patron; l'éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull (à vos souhaits ! ).

 
Mais il n'oublie jamais que son récit risquerait d'être vain si ces situations n'étaient pas là pour mettre en lumière la renaissance de son héros, et ce à travers des séquences  empreintes d'une belle émotion : le départ de Mitty dans ses aventures, avec une formidable utilisation du tube "Wake Up" d'Arcade Fire; la prise de conscience dans le bar-karaoke au Groenland, sur fond du "Space Odity" de David Bowie; l'escapade en skate sur les routes islandaises, et bien sur la rencontre tant attendue avec Sean Penn (en second rôle certes, mais au jeu comme toujours d'une redoutable éfficacité!), dans les montagnes afghanes.
Loin d'être une simple histoire d'amour matinée d'aventures rocquambolesques, "Walter Mitty" est une vraie et belle leçon de vie, et également un film hollywoodien à l'ancienne, dans la veine de ceux réalisés par Franck Capra et Leo McCarey...et il y a bien pire comme références !


Le bluray français sortira début juin, mais est d'ores et déjà disponible en Allemagne, avec vost-fr et vraie vf. La copie, sans défauts, est somptueuse, rendant totalement justice à la très belle photo de Stuart Dryburgh, qui s'était déjà illustré avec "La Leçon De Piano" et "Lone Star" entre autre; les couleurs sont riches et vives, et la bande-son sait se faire dynamique quand il faut.
Je n'ai pas encore commencé à explorer les bonus (15 mns de séquences coupées et alternatives, un making-of d'environ 25 mns découpé en modules courts), mais ils devraient être en phase avec le film : simples, distrayants et honnêtes.

La bande annonce :





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