BLURAY : WORLD WAR Z de Marc Forster


Attention spoilers ! Il est préférable d'avoir vu le film avant de lire ce post.

Les critiques généralement négatives m'avaient échaudé, et je n'avais pas vu le film au ciné, préférant faire une séance de rattrapage en bluray à la fin de l'année dernière. J'avais adoré, et ai décidé de le revoir hier soir, afin de confirmer ma première impression. Et je confirme !
Certes le film affiche certains défauts typiques des blockbusters estivaux (le trio magique habituel : amour - famille - patrie, ainsi que quelques facilités de scénario) mais les moyens mis a la disposition de Mac Forster nous permettent enfin d'avoir un film d'horreur à grande échelle, ce qui me semble-t-il était plutôt inédit jusqu'à maintenant.
Car le problème majeur de ce genre de film, c'est bien souvent un budget limité, forçant le réalisateur à se passer d'un gros casting et de gros décors et à privilégier l'inventivité de la mise en scène et les effets spéciaux. En gros, le secret d'un bon film d'horreur, c'est : 
  • peu ou pas d'argent
  • un cast d'inconnus ou d'acteurs connus mais pas chers
  • un lieu clos permettant de limiter les décors donc les dépenses
Ce système a fait ses preuves depuis des décennies et a donné autant de chefs-d’œuvres, que de nanars bien pourris. Aujourd'hui, si un réalisateur veut avoir une certaine visibilité et/ou une reconnaissance en début de carrière, il n'a que 2 moyens sûrs : le ciné indépendant pur et dur (du type Sundance) ou le bon vieux film d'horreur.
Avec "World War Z", on tient probablement le premier film du genre qui se donne les moyens de ses ambitions : 200 millions de $ de budget (!!), un acteur mondialement connu en tête d'affiche, une équipe technique formée au blockbuster (fait plutôt rare dans le genre auquel ce film appartient), et des scènes se déroulant dans plusieurs pays. Cela donne une envergure inhabituelle au genre, et nous offre un spectacle de 2 heures qui mérite largement d'être réévalué à la hausse (a-t-on jamais vu une invasion ou des milliers de zombies courent les rues, se déchainent, et forment des montagnes de corps pourris afin de gravir l'enceinte d'une ville fortifiée ?!?!?!)


Le métrage est très librement inspiré du livre éponyme de Max Brooks (fils de Mel), et en reprend l'idée de départ, l'invasion de zombies/infectés à l'échelle mondiale. On suit ici Gerry Lane (Brad Pitt, en mode père de famille aux cheveux gras, ce qui est très rassurant pour touts les spectateurs masculins : Brad est comme nous !), ex-enquêteur des Nations Unies, tentant de retrouver le patient zéro d'une épidémie mondiale redonnant la vie aux morts et les transformant en enragés déchainés et meurtriers. De la côte est des États-Unis à la Corée du Sud, de Jerusalem au Pays De Galles, il cherche à déjouer les attaques meurtrières afin d'éradiquer le virus.

Le film, bien qu'ayant connu de gros problèmes de production, est un spectacle énorme aux scènes d'action vraiment originales voir couillus !
Sa première qualité est d'être quasi sans temps morts : à peine la famille du héros présentée (5 minutes montre en main, ce qui est plutôt rare pour un film de studio; en général, l'introduction est bien plus longue, favorisant l'empathie du spectateur envers les héros), on assiste aux premières attaques; dès lors, le rythme ne ralentira presque jamais.
Deuxième qualité selon moi, l'idée majeure d'aller à contre-courant des autres films du genre : alors que d'habitude les héros se réfugient dans des espaces clos et se défendent des attaques, Marc Forster décide au contraire de faire voyager son héros à travers le monde : Brad Pitt est contraint d'aller dans les zones infectées pour comprendre comment tout a commencé, tout en évitant de finir bouffé et de chopper le virus mortel (comme le dit le héros : continuer de bouger c'est survivre, rester sur place c'est mourir).
Dernière qualité (et pas des moindres) qui prend le contre-pied des blockbusters lambdas : généralement, les scènes d'action deviennent de plus en plus énormes, jusqu'au final qui en est le point d'orgue. Ici, la dernière demi-heure, d'anthologie, est à l'inverse : une course poursuite dans des couloirs d'un laboratoire de l'O.M.S., ou il faut limiter le bruit afin de ne pas attirer l'ennemi, quasi sans coups de feu, mais à la tension extrême. Je comprend bien que le spectateur habitué aux standards hollywoodiens ai pu être dérouté par ce choix, mais l'idée me convient tout à fait, et permet au film de se démarquer du tout venant (on a fait le même reproche à "Je suis une légende" de Francis Lawrence avec Will Smith, qui a de nombreux points communs avec "World War Z").



On le sait, le tournage a été plutôt épique (le réalisateur a depuis désavoué publiquement le film, estimant que les modifications apportées lui avaient été imposées). Le scénario a été entièrement reconstruit alors que le tournage était quasiment fini, et le troisième acte, commençant après la fuite du siège de Jérusalem, retourné totalement. L'idée de départ était bien plus sombre : l'avion ne se posait pas au Pays de Galles, mais à Moscou; les passagers, enrôlés de force par l'armée russe, participaient à la guerre contre les zombies durant plusieurs mois. Ayant découvert que les infectés se réfugient dans les tunnels du métro car ils craignent le froid, Brad Pitt prenait le commandement d'une patrouille et combattait les zombies sur leur terrain.
Après avoir réussi à contacter sa femme aux États-Unis, il découvrait que celle-ci, le croyant mort et pour survivre avec ses enfants dans un camps de réfugiés, s'offre à un militaire, celui-là même qui les avait sauvé avec son hélicoptère sur le toit de l'immeuble à Philadelphie (Il était interprété par Matthew Fox, le Jake de "Lost"; son rôle ayant totalement disparu avec les révisions du scénario, il n'est désormais plus visible que dans la scène de sauvetage, dans de brefs plans ou on a du mal à le reconnaitre !)
Brad Pitt, accompagné de Segen, la militaire israélienne qu'il a sauvé lors du siège à Jérusalem, arrivait non sans peine à traverser la Russie et à naviguer vers les U.S.A., bien décidé à retrouver sa famille... Et point final !! Car oui, ce film, par sa fin ouverte, devait être le premier d'une trilogie, les volets suivants étant focalisés sur la lutte entre Pitt et ce militaire sur fond de guerre contre les zombies.

Le métrage aurait été donc bien différent mais pas moins intéressant (même si la guerre avec les morts-vivants passait au second plan) mais il aurait certainement moins bien marché : après tout le titre du film est "Guerre mondiale contre les zombies" et non "Chopper l'amant tordu de ma femme sur fond de guerre mondiale contre les zombies" !!!!!
Hélas, il y a fort peu de chance que l'on voit un jour le matériel tourné à l'origine, la Paramount planquant les bandes bien profond dans ses archives !
"World War Z" est un blockbuster d'horreur grand public (car oui, on reste dans le film d'horreur, avec du sang, des tripes, et de nombreux sursauts !) hors norme, le seul de son genre, qui s'émancipe largement du matériaux d'origine, mais reste jubilatoire grâce à de nombreuses séquences relevant du jamais vu dans le genre (le siège de Jérusalem, la propagation du virus dans un Boeing en plein ciel, la fin atypique et à contre-courant). Je reste convaincu que c'est un très bon métrage, angoissant comme il faut ! Ses qualités artistiques indéniables (effets spéciaux nickels, photographie très léchée, interprétation excellente - comme d'hab- de Brad Pitt) en font non pas un chef d’œuvre du genre, mais un excellent divertissement qui répond totalement à mes attentes de spectateur.
Je comprend que les fans de films d'horreur aient été déçu en le voyant; mais comment les contenter en plans gore et en scènes trash, et donc se restreindre  d'une grande partie du public familiale, et dans le même temps rentrer dans ses frais alors que le budget pharaonique impose un minimum de 200 millions de $ ? Bien évidemment, les producteurs ont du dévier de leurs intentions d'origine afin de remplir leurs caisses vides... (ou alors, il aurait fallu tourner ce film comme "28 jours plus tard", l'autre grand "film d'infectés" de ces dernières années et qui a relancé le genre, pour minimiser les frais).
Personnelement, je prèfère voir un film de cette envergure inédite mais avec moins de gore, qu'une invasion mondiale certes riche en amputations, mais tournée au rabais...Le blockbuster, ce n'est pas sale !

  

Le bluray proposé par Paramount (en 2D ou en combo 2D/3D) est techniquement de très haute qualité : l'image est très riche et colorée, et fourmille de détails même dans les séquences les plus sombres. La bande son est ultra dynamique, et riche en effets sonores sur tout bon home-cinema qui se respecte; à noter que le film est proposé en version longue (+ 7 minutes) par rapport à sa sortie en salles (ici le lien pour connaitre toutes les différences entre les 2 versions : http://www.movie-censorship.com/report.php?ID=594947 ).
La partie bonus, elle, est très décevante : quelques modules revenant sur le tournage et les effets spéciaux, et c'est tout ! C'est donc bien peu, alors qu'il y avait tant à dire sur la production du film... Une édition limitée à 3000 exemplaires est disponible (mais coute un bras !), et contient un dvd bonus avec un making-of de 68 minutes, des d'artworks, un poster et des photos.

La bande annonce (avec de nombreux plans inédits) :
https://www.youtube.com/watch?v=4EC7P5WdUko

Commentaires

Articles les plus consultés