THE EXPENDABLES 3 de Patrick Hughes

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Attention spoilers ! Il est préférable d'avoir vu le film avant de lire ce post.

J'avais formulé mes craintes pour ce film il y a quelques mois, lors de la mise en ligne de la bande annonce, et malgré des premiers retours peu encourageant, je me suis décidé à aller le voir en salle cet aprèm...

Dans ce nouveau volet, Stallone/Barney Ross s'entoure d'une nouvelle génération de mercenaires afin d'affronter Conrad Stonebanks, son ancien partenaire avec qui il avait fondé les Expendables, et devenu un marchand d'armes sans foi ni loi. La mission ayant échoué et les petits nouveaux étant retenus en otage, ses anciens équipiers le rejoignent pour terminer la mission.
Quel ratage ! Je ne m'attendais pas un grand film, mais juste à un bon divertissement enquillant les séquences d'action et les clins d’œil;, mais c'est un ratage complet ou il n'y a hélas rien à sauver.
Déjà, l'idée de base de cette série a été complètement mise de coté : fini le principe de réunir les vieux briscards du genre pour une déclaration d'amour bourrine et violente aux séries B de la grande époque...Place aux jeunes ! Passée une double introduction qui voit la team Expendables attaquer un train pour libérer un des leurs, puis partir en mission à Mogadiscio, Stallone dissout son équipe et en recrute une toute nouvelle, les anciens ne revenant que pour le grand final. En à peine 30 minutes de film, je me suis senti floué : en gros, l'heure centrale fait complètement disparaitre Jason Statham, Dolph Ludgren, Terry Crews, Wesley Snipes et Randy Couture pour nous balancer des Glen Powell, Victor Ortiz, Ronda Roussey et autre Kellan Lutz inconnus (pour moi) au bataillon... Il y a bien Scwharzi, Ford et Banderas qui font quelques apparitions, mais ils ont si peu à faire et à jouer que cela en devient ridicule (le pire étant atteint avec Jet Li dont toutes les scènes mises bouts à bouts ne doivent pas excéder 2 minutes de métrage, et ou on ne le voit même pas donner un seul kick mais juste tirer 2/3 salves de mitrailleuse perché dans un hélico) ! Ici désormais, le sujet n'est plus de donner aux spectateurs un bon film estival fun et décomplexé, mais d'aligner les guest-stars de luxe à grands renforts de chèques à 6 zéros pour de courtes apparitions. D'ailleurs, tous les acteurs sont conscients de l'indigence du scénario (Harrison Ford et Schwarzi en têtes, qui ont l'air de se foutre royalement du film et affichent un grand sourire dès qu'ils apparaissent à l'écran, tout en jetant négligemment un coup d’œil sur leurs comptes en banques désormais garnis de millions de dollars supplémentaires !), et se contentent de débiter mollement leur texte sans s'investir. Quand on voit l'incroyable making-of du premier film, ou toute la bande se démène par respect pour le public, la déception que procure cet (ultime ?) épisode est encore plus grande...
Seul Mel Gibson arrive à tirer son épingle du jeu lors d'une scène ou il nargue Stallone après avoir été appréhendé : enfin quelqu'un qui rehausse le niveau, et prouve qu'on peut palper un max de pognon et jouer un tant soit peu le jeu !

Et si tout simplement le thème même de la saga "Expendables", démontrer à une nouvelle génération de spectateurs que les vieux routiers du genre ne sont pas encore à remiser au placard, avait été rattrapé par la réalité ? Tous ces "anciens", alors qu'ils pouvaient encore lever la jambe dans les 2 précédents métrages, n'y arrivent plus. Leurs scènes d'action sont essentiellement à base de poursuites et de flinguages, mais pas de bastons mano-a-mano car le temps a fait son ouvrage. Même Jason Statham, qui avait pourtant de belles séquences démontrant son savoir-faire dans les 2 premiers films, n'a ici qu'une brève baston à se mettre sous la dent, et elle ne dure que quelques petites secondes. Le combat final entre Stallone et Gibson en est l'exemple le plus flagrant : quelques coups de poings rapidement échangés par un duo d'acteurs essoufflés (sans compter les doublures cascades peu ressemblantes dans les plans larges !). Quand on vient de se taper 2 heures de promesses non tenues, être le témoin d'une banale (voir minable) rixe de cour d'école en guise de grand final fait royalement mal aux fesses ! C'est bien là une séquence indigne du talent physique de ces 2 grandes stars...

La réalisation est à peine digne d'un téléfilm : j'ai rarement vu des séquences d'action aussi mal cadrées et montées; Patrick Hughes n'a visiblement aucun talent pour filmer des scènes énergiques, et se contente de faire trembler sa caméra au moindre coup de feu pour dynamiser son métrage. Les scènes d'ouverture et de clôture, qui même si elles n’innovent pas auraient pu être de beaux morceaux de bravoure, paraissent molles et figées, témoignant du manque total d'expérience du metteur en scène (dont c'est le 2ème film,  après le thriller "Red Hill" que je n'ai pas vu mais qui a plutôt bonne réputation). Le scénario écrit par le couple Rothenberger/Benedikt (déjà à l’œuvre sur "La chute de la maison blanche" d'Antoine Fuqua) mais retouché par Stallone, aligne des plages entières de dialogues vains à base de vannes pas drôles et de clins d’œils auto-référencés (les gags lourds sur les raisons de la disparition du personnage de Bruce Willis, du retour de Jet Li, ou de l'emprisonnement de Wesley Snipes).

Le film, même s'il a été tourné comme le précédent en Bulgarie afin de réduire les coûts, a du bénéficier d'un budget conséquent, mais ici rien n'est visible : la scène dans le port de Mogadiscio se résume à un bout de quai de chargement décoré de quelques containers rouillés et agrémenté d'une poignée de figurants blacks pour faire couleur locale, l'armée de Mel Gibson est composée d'une dizaine de soldats marchant à coté de 2 tanks en carton-pâte, et une usine désaffectée prévue à la démolition par les autorités locales a été octroyé aux techniciens pyrotechniques de la production pour qu'ils fassent joujou avec leurs pétards...
Afin de rentabiliser au mieux cette purge, les producteurs (ils se sont mis à 19 pour le produire...19 !!!) ont choisi de gommer toute violence trop démonstrative : alors que les 2 premiers films alignaient une sacrée dose de gros plans sanglants et d'hommes coupés en deux par des rafales de bazookas sur-dimensionnés, ici les impacts de balles ne génèrent pas de sang mais uniquement de petits nuages de fumée blanche, et les morts tombent hors-champs pour ne pas s’aliéner une partie du public trop jeunes pour supporter des giclées de sang, même numériques. A vouloir rendre le film tout public, les financiers ont choisi de le châtrer et de lui ôter une de ses caractéristiques essentielles, qui était en partie responsable du succès de 1 et du 2 : sa violence cartoonesque et parfois démesurée.

Non décidément ce "Expendables 3" est mauvais de bout en bout, et ne mérite absolument pas la poignée d'euros investit par des spectateurs espérant trouver ici le film d'action basique mais jouissif qu'ils sont en droit d'attendre...

La bande annonce (qui suffit amplement pour avoir une bonne idée du fiasco) :

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