BLURAY : JACK RYAN : SHADOW RECRUIT de Kenneth Branagh


Un des avantages  à habiter à quelques minutes de la frontière allemande, c'est de pouvoir faire ses emplètes en bluray à moindre coût dans les boutiques germaniques; en gros, une nouveauté se vend aux alentours de 15 €, là ou les boutiques françaises affichent plutôt 20 à 25 €... Du coup, ça me permet de rattraper en vidéo des films pas vus en salles sans ruiner le budget familiale...
Et c'est le cas de ce film; pas enthousiasmé par une bande annonce annonçant un actionner lambda, et diverses critiques mitigées, j'avais fait l'impasse sur la sortie en salles, et me suis plutôt laissé tenté par le bluray édité avec sous-titres français outre-Rhin, et vendu à moins de 13 €. Et même à ce prix, ça ne l'a pas fait !

5ème volet des aventures du héros de Tom Clancy (après "A la poursuite d'octobre rouge", Jeux de guerre", "Danger immédiat", et un premier reboot : "La somme de toutes les peurs"), "Shadow Recruit" est un blockbuster mou du genou et faignant, lancé pour remplir vite fait le tiroir caisse de la Paramount entre 2 "Transformers".
J'imagine le tableau : des pontes du studio, assis autour d'une table en chêne véritable, se demandant comment se faire des valises de pesos et atteindre les objectifs financiers des actionnaires, et un p'tit jeune frais moulu d'une école d'avocat qui lève le doigt et lance l'idée de relancer la franchise Jack Ryan (et si possible à moindre frais) après avoir vu une pile de bouquin de Clancy dans le bureau d'un collègue, et surtout avoir revu, la semaine précédente, la saga "Jason Bourne" à la télé américaine, entre 2 spots de pub pour Coca...Triste, mais surement pas loin de la vérité, non  ?!?! 

Du coup, les décideurs planchent sur le sujet, et tombent d'accord sur un nouveau reboot total de la série (car les jeunots qui vont en salles ne connaissent surement pas les épisodes précédents, ni même les bouquins d'origine, c'est sur !) et lancent le projet. Un scénariste maison est missionné pour mitonner tout ça, mais comme le résultat est déjà un peu faisandé, on fait réviser le tout par un écrivain-star du studio, David Koepp, scrip-doctor spécialisé dans le gros blockbuster ("Jurassic Park 2", "Spider-Man", "Panic Room", entre autre), et réalisateur à ses heures perdues.
De leur coté, les pontes s'arrangent pour avoir un package pas trop cher auprès d'un agent de stars. Un agent qui leur dégotte en premier un réalisateur à même de jouer également le bad-guy du film, Kenneth Branagh, ex-acteur/réalisateur/auteur à la mode qui a eu son heure de gloire dans les années 90 mais qui a loupé le passage à l'an 2000 (repêché par Marvel, il a livré un "Thor" honnête mais bien loin de ses aspirations antérieures, plus proches de Shakespeare que des gars survitaminés en collants en lycra qui sauvent le monde !), puis un casting honnête à même de combler le grand public :
  • Chris Pine, révélé par le reboot de "Star Tek" (autre produit phare du studio Paramount), en héros sans peur et sans reproche, lisse comme il faut.
  • Keira Knightley, cinquième roue du carrosse "Pirates des Caraïbes", en donzelle amoureuse de son espion de mari, engagée pour attirer les ados boutonneux qui se repassent en boucle la première trilogie des aventures de Jack Sparrow.
  • Kevin Costner, ancienne gloire des années 90 (donc pas cher) qui peine à retrouver l'aura qu'il avait à l'époque de "Danse avec les loups" depuis qu'il s'est fait assassiner par la critique et le public dans des blockbusters couillus mais incompris ("Waterworld", "The Postman") aux budgets pharaoniques.
Le budget de 60 millions de $ (un budget moyen par les temps qui courent) ne permet pas de révolutionner le genre action/espionnage, mais de délivrer un "produit" tout juste honnête, vite sorti et rentabilisé grâce au marché internationale et aux ventes TV. Des paquets de Direct-To-Video sont tournés ainsi et ne passent même pas par la case "sortie en salles" de nos jours, c'est dire...
"Shadow Recruit" n'est absolument pas adapté d'un des livres de Tom Clancy, mais est un scénario original nous racontant la première aventure de Jack Ryan, jeune analyste de la CIA envoyé sur le terrain, à Moscou, afin d’enquêter sur le financement probable d'un futur attentat prévu sur le sol américain..
Et c'est parti pour 1h et 45 minutes soporifiques, ou les clichés sont légion ! Entre autre :
  • le héros s'est engagé dans les marines après les attentats du 11 septembre, fier de défendre sa patrie
  • bien que pas formé pour des missions sur le terrain, et alors qu'il a failli, quelques années auparavant, rester handicapé par un accident d'hélicoptère, notre preux chevalier de Jack Ryan arrive à éliminer à mains nues un colosse aux bras aussi larges que mes cuisses et taillé dans le marbre
  • la copine du héros ignore le véritable métier de son homme et est persuadée que son comportement parfois étrange cache en fait une liaison avec une maitresse
  • le méchant de service, un milliardaire russe prêt à tout pour couler l'économie américaine, n'a plus rien à perdre car il est atteint d'un mal incurable.

 

On le voit, ici rien de neuf sous le soleil, mais uniquement du recyclage facile (même la seule baston mano-a-mano du film est filmée à la "Bourne", histoire d'enfoncer le clous...!).
L'histoire avance plan-plan, entre piratage informatique et découverte du plan machiavélique du méchant dans un fichier caché sur son PC, une poursuite en voiture dans les rues de Moscou d'à peine 2 minutes histoire de ne pas exploser le budget cascadeurs du métrage, et un final au cœur de Wall Street, dans 2 pauvres ruelles bloquées par l'équipe du tournage pour ne pas déranger les traders en chemises rayées et à bretelles qui vont bosser.
La réalisation est d'une mollesse sans nom, à l'image du scénario indigent qu'elle sert. Branagh se contente d'agiter ponctuellement sa caméra pour simuler une action trépidante lors des rares séquences qui bougent un peu, et demande le minimum syndicale à ses acteurs qui gardent un œil sur leurs relevés bancaires tout en débitant des banalités dignes d'un épisode de "Derrick"...
J'espère sincèrement que les pontes du studio producteur vont foutre la paix à ce bon vieux Jack Ryan, et qu'ils ne nous obligeront pas à supporter à nouveau un film aussi basique, triste et sans intérêt.


Le bluray est d'honnête facture : belles images (la photo du film est assez sombre, mais le pressage de bonne qualité et très précis) et bon son (peu d'effets sur les enceintes arrières, hormis la musique).
Je n'ai pas encore testé les suppléments, mais ils s'annoncent formatés : un commentaire audio du réalisateur, 5 minutes de scènes coupées, et quelques modules sur le tournage (environ 40 minutes).

La bande annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=Ckd5WC7PkO0

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