BLURAY : SERENITY et FIREFLY de Joss Whedon


Joss Whedon a fait un sacré bout de chemin depuis ses débuts de scénariste de sitcoms au début des années 90: avec son milliard et demi de recettes, "Avengers" est le troisième plus gros succès cinématographique de tous les temps, derrière 2 films de James Cameron ("Avatar" et "Titanic") ! Le deuxième volet, actuellement en post-production, devrait avoir un succès identique sinon supérieur, ce qui ferait de lui l'une des personnalités les plus puissantes à Hollywood. Et pourtant, Whedon n'avait réalisé qu'un seul film avant d'être embauché par Marvel : un space-opera (genre moribond en dehors de 2/3 franchises bien connues), qui plus est suite d'une série tv annulée au bout de 14 épisodes, et qui n'avait même pas réussi à rembourser son budget pourtant faible.

Scénariste à succès à ses débuts (il a écrit "Toy Story", "Alien:La Résurrection", "Titan A.E.", "Atlantide" et a joué les script-doctors sur de nombreux films, dont "Speed"), Whedon a la géniale idée d'adapter à la télévision son premier scénario de cinéma, "Buffy tueuse de vampires"; le succès est mondial et le propulse roi de la télé pour toute un génération d'ados. Un succès qu'il réédite 2 ans plus tard avec un spin-off, "Angel", qui transforme l'essai et lui permet de mener à bien son grand projet de série télé, "Firefly". Un feuilleton qui se démarque complètement de  "Star Trek", série maitre-étalon de la science-fiction télévisuelle, car le réalisateur a su créer un univers westernien futuriste bien éloigné de celui aseptisé de la série de Gene Roddenberry.
Le casting est recruté essentiellement

Diffusée en 2002, et bien que boostée par une campagne de pub énorme de la Fox, la série ne séduit pas, et est annulée au bout de quelques épisodes; une poignée de fans tente bien de faire relancer la production par un autre network, mais rien n'y fait : la chaine diffuse en bouche-trou et dans le désordre les épisodes restants, et la brade aux chaines locales afin de rentrer dans ses frais. Là, elle devient vite culte, ratissant un public toujours plus nombreux.
Joss Whedon, touché par l'engouement qu'elle suscite et les pétitions qui circulent sur le net, décide d'offrir aux fans une suite sur grand écran; il rachète les droits à la Fox et obtient d'Universal Pictures un budget de 40 millions de dollars. Mais là encore, le public ne suit pas; sorti à la rentrée 2005, le film peine à rentrer dans ses frais et sombre très vite au box-office.



Pourtant, "Serenity" aurait mérité un succès bien plus important. Bien qu'issu d'une série, le long-métrage peut être vu sans connaitre la source initiale, le réalisateur ayant réussi le tour de force de rendre son film indépendant, tout en réutilisant la caractérisation des personnages et le fil conducteur scénaristique développés dans les 14 épisodes précédents. Pas une seule seconde, le spectateur ne se sent largué par le film; d'ailleurs, la majorité de ceux qui l'ont vu ignore que la série existe : sa diffusion a été confidentielle à la télé (sur Séries Club) et la Fox ne l'a toujours pas sorti en vidéo chez nous (pourtant, elle est sortie aux États-Unis et en Angleterre en dvd et bluray avec une piste française!).
Whedon, après s'être fait la main sur plusieurs épisodes des séries qu'il a initié, démontre un savoir-faire indéniable, sachant donner du rythme à sa mise en scène, et utiliser le budget réduit mis à sa disposition à bon escient : les séquences d'action sont enlevées, les effets spéciaux aux petits oignons, et l'excellent casting qu'il avait recruté est à nouveau réuni (une osmose qui pointait déjà le bout de son nez dans la série mais qui se ressent encore plus fortement ici : pour preuve le commentaire audio/vidéo en bonus sur le bluray). Un groupe d'acteurs certes peu connus, ayant fait leurs armes essentiellement à la télé, et qui s'en sort à merveille tant dans les scènes d'action que dans les dialogues souvent plein d'humour que le réalisateur à écrit.
Mais surtout, ce qui rend pour moi le film vraiment bon, c'est le fait que Wedhon ait repris à sa sauce le personnage emblématique et point fort des trois premiers "Star Wars" de Georges Lucas : Han Solo. Malcolm Reynolds, le capitaine du vaisseau Serenity et personnage principal du film, est pour moi un démarquage évident du pilote du Faucon Millenium (même charisme, même assurance en toute circonstance, même humour, et surtout même cool-attitude). C'est un peu comme si Han avait eu son propre film solo, ce que beaucoup de fans (moi y compris !) attendaient depuis longtemps... 
C'est à mon sens le seul véritable point commun aux deux univers, celui de Whedon étant bien plus sombre et violent  : ici, pas de princesse à délivrer, de peluches mignonnettes qui vivent dans une forêt de sequoias géants et de sabres-lazer multicolores. Les héros sont des contrebandiers rois du braquage de banques inter-galactiques, le grand amour du capitaine Malcolm est une prostituée, et l'espace est envahi de "creepers", des cannibales fous furieux ! (une touche "Mad-Maxienne" hommage à la trilogie - bientôt quadrilogie - de George Miller ?)
Peut-être est-ce ce qui a fait peur aux fans du genre : un ton plus violent et adulte que "La Guerre Des Étoiles" (la trilogie initiale), et moins sérieux/prise de tête que "Star Trek" (les séries; les 2 films réalisés par J.J. Abrams étant, à mon humble avis, largement supérieurs en plaisirs cinématographiques à la prélogie quasi ratée tournée par Lucas ces dernières années).


Marqué au fer rouge par toute l'industrie à cause de cet échec financier (à Hollywood, on adore mettre au piloris ces anciennes idoles...), le réalisateur peine à retrouver du travail, réalise 2 épisodes de la série "The Office", un épisode de "Glee", et tente de relancer sa carrière en 2009 avec "Dollhouse", une série action/science-fiction qui ne durera que 2 saisons. En parallèle, en tant que fan inconditionnel de comics, il est contacté par les dirigeants de la Marvel (qui viennent de créer une branche cinéma après avoir récupéré les droits cinématographiques de leurs super-héros disséminés chez plusieurs majors) pour mettre de l'ordre dans l'univers qu'ils décident de développer sur grand écran; ainsi il bossera sur tous les films initiés depuis le premier "Iron Man", et devient même consultant permanent pour la firme après l'énorme succès rencontré par "Avengers" en 2012.

Depuis, il est devenu, avec J.J. Abrams (l'autre scénariste/réalisateur star passé lui aussi de la télé aux blockbusters), un des acteurs majeurs du divertissement grand public, à la tête d'une franchise au succès planétaire. Tous les deux, caution geek obligatoire du blockbuster moderne, travaillent désormais pour la firme Disney, qui a dépensé une fortune ces dernières années pour acquérir à prix d'or les 2 grandes licences capables de fabriquer du billet vert par planches entières: "Star Wars" et l'univers "Marvel".

Le culte autour de "Firefly" et "Serenity" s'étant fortement développé ces dernières années (on trouve quantité de bouquins, maquettes, figurines et autres goodies), Wedhon souhaite initier un deuxième film pour remercier les fans et poursuivre sa saga. Le casting a d'ors et déjà répondu présent (Nathan Fillion reste profondément attaché à son rôle, réutilisant même sa tenue de mercenaire de l'espace dans un épisode de "Castle", lorsqu'il doit porter un costume d'Halloween !), et le film pourrait bien être son prochain métrage, une fois "Avengers 2" finalisé.



Le bluray édité par Universal est superbe; images et son sont au top du support, et les bonus très généreux : un passionnant et très détendu commentaire audio filmé réunissant les acteurs principaux autour du réalisateur, un bêtisier, des scènes coupées, un making of, et un module sur les effets spéciaux.

La bande annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=JY3u7bB7dZk

Le visuel du bluray édité par Fox aux États-Unis et en Angleterre, reprenant l'intégralité des 14 épisodes de la série (avec piste audio française, mais seulement des sous-titres anglais, espagnols et allemands :

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