BLURAY : LES RUES DE FEU de Walter Hill


J'attendais "Streets Of Fire" en bluray, ou en tout cas dans une édition digne de ce nom, depuis un paquet d'années...
L'édition dvd sorti chez Universal était en 4/3, le son en simple stéréo, et il n'y avait aucun bonus; certes le film avait été un beau four lors de sa sortie en salles, fin 1984, mais son statut de film culte acquis en vidéo-club à l'époque me permettait d’espérer un peu plus que le traitement honteux dont il avait bénéficié lors de sa sortie en numérique (en gros du niveau d'un téléfilm bas de gamme).

Le film affiche ouvertement son statut de western moderne de série B (Walter Hill jouera même avec les codes du genre en transformant le duel final obligatoire en baston avec des masses !), mais il est illustré par un ton bande dessinée (déjà utilisé par Walter Hill dans le montage original de son "Warriors - Les Guerriers De La Nuit", et repris sur le formidable bluray Director's Cut sorti par Paramount) et des chansons qui le rendent irrémédiablement daté; c'est le lot de beaucoup de films des années 80, qu'ils soient d'action ou musicaux, en faisant ainsi leur visionnage plus problématique aujourd'hui, hormis les nostalgiques qui ont découvert le film en salles.

Je l'avais découvert au ciné en son temps, attiré par le savoir-faire de son réalisateur ("Driver", "Sans Retour" et "48 Heures" m'avaient enthousiasmé) et une bande annonce annonçant la "Rock'n Roll Fable" (pour reprendre la tagline de l'affiche américaine) que j'attendais depuis longtemps. J'avais 16 ans, Diane Lane, découverte dans "Outisders" et "Rusty James" de Coppola, est vite devenu un de mes amours d'ado, Michael Paré avait la gueule de l'emploi, et Willem Dafoe, avec sa tête de taré et ses fringues cuirs bizarroïdes devenait vite le bad guy ultime...
En gros, "Streets Of Fire" est devenu un de mes films cultes à peine une demi-heure après le début de la séance!

Le revoir aujourd'hui, c'est donc tout naturellement retomber dans mes années d'adolescence, et donner un avis objectif sur les qualités et les défauts du film m'est un peu compliqué :
Oui la musique est vieillotte, de cette pop-rock sirupeuse sans âme et typique des années 80 (hélas, Bruce Springsteen devait composer pour le film mais se désengagea durant la pré-production; il fit de même 3 ans plus tard, alors qu'il avait donné son accord à Paul Schrader pour composer et jouer le rôle principal dans "Light Of Day"; un rôle qui reviendra finalement à Michael J. Fox)... Oui l'histoire tient au dos d'un timbre poste (l'ancien amour d'une chanteuse kidnappée par une bande de loulous part la délivrer : un pitch un peu bas de plafond, quand même)... Oui certains choix du réalisateur paraissent aujourd'hui maniérés et "clipesques" (reproche que l'on peut faire à un paquet de films de cette époque, "Highlander" en tête...).
Mais la direction artistique est flamboyante : le style rétro-futuriste fonctionne toujours aussi bien (un quartier entier avait été recréé pour les besoins du tournage en studio, exceptés les scènes dans le quartier général de Raven/W. Dafoe, tournées dans une usine désafectée), mixant de façon très originale les looks des années 50 et 80; la réalisation est toujours aussi énergique et dynamique : le film dure 90 minutes et est sans temps morts, prouvant ainsi à ceux qui en doutait encore que Walter Hill connait son métier et sait parfaitement adapter ses choix de mise en scène et d'angles de caméra au scénario-hommage qu'il a écrit avec Larry Gross.                                                                                 

Les blurays édités en novembre dernier par Koch Média en Allemagne (signé et donc validé par Walter Hill au verso de la jaquette) et Second Sight en Angleterre sont identiques : le format 1.85 est enfin en 16/9, et rend complètement justice à la photo d'Andrew Laszlo; Pas de sous-titres français ni de vf sur ces éditions, mais une bande son remixée en Dts-5.1 qui redonne un sacré coup de jeune au film et est percutante à souhait, ainsi que des sous-titres anglais optionnels. Largement suffisant pour tout fan tenté par l'achat.
Les bonus, passionnants, sont enfin au rendez-vous : un making-of rétrospectif de 82 minutes revient sur tous les aspects de la préparation, du tournage et de la post-production du film, avec des interviews récentes du réalisateur et du casting. On retrouve également le press-kit d'époque, et 2 clips. 


L'édition définitive de ce film totalement culte est enfin désormais disponible, comblant ainsi la poignée de fans qui a patienté 30 ans pour le revoir dans des conditions optimales.
Le terme culte n'est d'ailleurs pas galvaudé : une suite verra même le jour, tournée par le réalisateur ultra-bis Albert Pyun en 2012 : "Road To Hell"; on y retrouve Michael Paré dans le rôle de Cody et Deborah Van Valkenburgh dans celui de sa soeur. Au vu de la bande-annonce, ça a l'air très moche (le film est tourné en numérique et entièrement sur fonds verts) et totalement Z !
Mieux vaut donc l'oublier très vite et rester sur la très bonne impression de l'original...

La bande annonce de "Streets Of Fire" :
https://www.youtube.com/watch?v=KrPs3-L5HW8
 
La bande annonce de sa "suite" : 
https://www.youtube.com/watch?v=F21VXDlKWOY

 








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