PAYBACK - STRAIGHT UP : THE DIRECTOR'S CUT de Brian Helgeland

 

"Payback" est un cas à part dans l'histoire du cinéma. Brian Helgeland réalisait ici son premier long-métrage, après avoir scénarisé une flopée de films d'horreur et de polars pendant 10 ans ("Freddy 4", "976-Evil", "Assassins", "Complots") et empoché un oscar pour sa formidable adaptation du "L.A. Confidential" de James Ellroy. Fan de la série de livres Parker, écrite sous pseudonyme par Donald Westlake, il décide de remaker "Le point de non-retour" de John Boorman, et de proposer le rôle-titre à Mel Gibson, à l'époque une des plus grosses stars hollywoodiennes; enthousiasmé, celui-ci décide de produire le métrage via sa société Icon Pictures. Le scénario est validé, les repérages effectués, et le casting complété dans la foulée, et il ne reste plus qu'à trouver un studio pour le co-financer et assurer la distribution. Warner et Paramount, tous 2 intéressés, s'associent et se partagent les droits.
Le tournage a lieu fin 1997 à Chicago pour les extérieurs, et aux studios Warner de Los Angeles pour les intérieurs. C'est lors de la phase de montage que Brian Helgeland rencontre des soucis avec les studios, qui lui demandent de donner une tonalité plus légère à son polar jugé trop noir, afin de ne pas risquer de perdre le grand public : le dernier tiers du film doit même être retourné, selon eux, car jugé trop sombre et violent. Le réalisateur ne se sentant pas de modifier sa vision, abandonne le film et le laisse à Mel Gibson, qui abonde dans le sens préconisé par les Studios. L'acteur tournant "L'arme fatale 4", les reshoots sont reportés à l'été 1998, et tournés par John Myhre, directeur artistique renommé qui a déjà bossé à plusieurs reprises avec Icon Pictures, la boite de Gibson. Le film, tourné pour à peine 50 millions de dollars, récoltera un très joli succès dans le monde entier au printemps 1999.

C'est fin 2005 que Mel Gibson recontacte Helgeland. L'acteur n'a jamais cessé de repenser à la vision initiale qui avait été écrite et tournée, et lui propose de la finaliser et de la faire distribuer en vidéo en posant 1 million de dollars sur la table. Helgeland bondit sur l'occasion et achève ainsi, 7 ans plus tard, sa vision personnelle de "Payback" : nouveau montage donc, mais aussi nouvelle musique et nouvel étalonnage des couleurs.

La version director's cut diffère énormément du montage cinéma, et la tonalité est effectivement bien plus noire, moins humoristique, et plus violente.
De nombreuses scènes disparaissent :
L'ouverture qui voit Porter soigné après avoir été shooté de plusieurs balles :
La découverte d'un bombe sous le lit après la visite chez le vétérinaire :
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Toutes les séquences avec Kris Kristorfferson dans le rôle de Bronson ainsi que la dernière partie qui voit Porter kidnappé son fils après un match de boxe, pour récupérer ses 70000$:
 
 
Et bien entendu la scène de torture, ou Porter se fait écraser les orteils à coups de marteau :
 
Dans cette nouvelle version, Porter montre un coté encore plus sombre et violent, n'hésite pas à frapper sa femme héroïnomane :
 

De nombreuses scènes se voient rallongées,modifiées, ou bien utilisent des prises alternatives. Quand à la fin, elle est totalement inédite, et voit Porter organiser sa vengeance et récupérer son argent après une fusillade sur un quai de métro :
Au final cette version est tout simplement géniale ! Celle vue en salles donnait une bonne comédie policière, certes parfois violente, mais dans le ton de celles précédemment tournées par Gibson tout au long de sa carrière.
"Payback - straight up" revient aux sources du projet initial : Porter/Parker est un truand pur et dur, qui montre sa détermination et son ingéniosité à se sortir des pattes de la mafia à grands coups de flingues et d'une violence parfois plus poisseuse. En résulte un film bien plus cohérent dans le ton,et bien plus conforme au style de Donald Westlake.
Dorénavant les 2 versions existent, mais les qualités cinématographiques de la director's cut rendent la version cinéma un peu obsolète !


Le bluray (sans zonage) édité par Paramount aux Etats-Unis est top ! Tant le film que les suppléments (nombreux, et qui reviennent sans langue de bois sur la fabrication de cette nouvelle version) sont sous-titrés français (excepté le commentaire audio de Brian Helgeland). Mel Gibson apparait même dans les bonus pour expliquer son revirement d'opinion sur les décisions prises à l'époque, et son "besoin moral " de financer le travail de Brian Helgeland pour le nouveau montage. Un fait rare et inédit à Hollywood, prouvant à nouveau le degré d'implication que l'acteur/réalisateur met dans son travail.
Seuls le pressage anglais et le pressage allemand proposent les 2 versions du film en bluray, mais sans sous-titres français.

L'excellent site Movie Censorship.com propose une analyse complète des différents montageS de "Payback" ICI

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