BLURAY : TANGO & CASH d'Andrey Konchalovskiy


A la fin des années 80, Stallone pouvait tout se permettre, adoubé roi du film d'action par le grand public suite aux cartons de ses "Rocky" et "Rambo". Certes, il commençait à tourner des projet un peu moins qualitatifs ("Cobra", "Over the top" et "Haute sécurité"), mais le succès était systématiquement au rendez-vous, n'entacha pas sa réputation de roi du box-office. A la recherche d'un nouveau film d'action, qui ne le verrait non plus seul en haut de l'affiche mais en duo avec une autre star de son acabit, il contacta le producteur Peter Guber pour monter le projet. Celui-ci préparait justement un long-métrage noir et violent avec la Warner Bros, autour d'un duo de flics frères-ennemis emprisonnés suite à des accusations de corruption et obligés de s'évader pour prouver leur innocence. Patrick Swayze, alors en vogue suite au carton planétaire de "Dirty Dancing", avait donné son accord de principe pour incarner un des deux poulets, et Stallone prit le train en marche, tout heureux d'avoir trouvé aussi vite le projet qu'il souhaitait. Afin de coller aux idées et au style de la star, le scénario fut remanié à de nombreuses reprises, perdant de son sérieux pour devenir une comédie d'action, ce qui ne plaisait pas au réalisateur embauché, Andrey Konchalovskiy, cinéaste russe émigré aux States au début des années 80. Swayze abandonna très vite, n'aimant pas la tournure que prenait le projet, et Kurt Russell se vit proposer de le remplacer au pied levé et engagé sur le champs, à quelques jours du début du tournage; un tournage cahotique qui commença sans script finalisé, des réécritures intervenant durant toutes les prises de vues.
Le directeur de la photographie Barry Sonnenfeld fut viré au bout du premier mois, et Konchalovskiy, en permanence en conflit avec Guber et Stallone sur la tonalité générale du film, quitta les plateaux lui aussi, à quelques semaines de la fin du tournage, remplacé par Albert Magnoli, metteur en scène du "Purple Rain" de Prince. Le tournage enfin achevé, un premier montage fut finalisé, révélant de nombreux trous dans le scénario, et donc obligation de retourner sur les plateaux. Le budget déjà confortable de 30 millions explosa ainsi, atteignant les 50 aux termes de reshoots étalés sur un mois complet; Stuart Baird, la star des monteurs ("La malédiction", "Superman", "Outland") et spécialiste des longs-métrages "à problèmes" fut appelé à la rescousse pour finaliser le film, et Harold Faltermeyer ne pouvant retravailler la musique composée lors du premier montage, Gary Chang composa une bonne partie de la bande originale.


Et pourtant, le film est bon ! Le scénario ici n'est que le prétexte à une comédie policière décomplexée et détendue, qui aligne de belles scènes d'action et qui tient la route grâce à un duo Stallone/Russell en très grande forme (l'alchimie entre les deux est flagrante); les vannes fusent à un rythme dingue, Stallone pour la première fois s'auto-parodie, n'hésitant pas à écorner son image comme jamais auparavant, et Russell déchire tout, retrouvant le bagou et l'humour de son Jack Burton.
Alors qu'il a été pendant de nombreuses années un plaisir coupable, "Tango & Cash" se revoit aujourd'hui avec un plaisir nostalgique indéniable; entre musique synthétique démodée, coupes de cheveux "nuques longues" hilarantes et testostérone dans le rouge, le film aligne comme des perles tous les clichés typiques des années 80, mais sa jovialité et son sens de la parodie en font un film éminemment sympathique et jubilatoire à revoir...En boucle !


Le bluray édité par Warner assure le service minimum : une image au format scope un peu trop lissée à mon gout, et quelques effets de fourmillements encombrants dans les scènes nocturnes; la piste sonore 5.1 TrueHD est assez dynamique, mais favorise la musique au détriment des effets surround. Zéro bonus mis à part une bande annonce d'époque.

La bande annonce d'époque, qui contient plusieurs scènes coupées au montage final, et des prises alternatives :

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