LIVRE : EMPIRE OF THE B's - THE MAD MOVIE WORLD OF CHARLES BAND


Sortie il y a quelques mois chez l'excellent éditeur anglais Hemlock Films (grand pourvoyeur en bouquins sur le cinéma fantastique et d'horreur en langue anglaise), ce "Empire Of The B's" est à acheter de toute urgence.
Les 3 auteurs passent en revue l'intégralité des productions Empire Films.
Réalisateur, producteur et distributeur dans les années 70, Charles Band fonda ce studio en 1984, et tenta de se faire le chantre de la série B et Z à grand renfort de films maisons à l'esprit souvent tordu, parfois sexy, et régulièrement déviant.
Après quelques tentatives moyennement réussies (c'est le moins que l'on puisse dire : "Ghoulies", "Trancers", et autres "Troll" sont quand même hauts-perchés dans le ciné bis à tendance nanar), la boite de Charles Band aura son heure de gloire en co-produisant et en distribuant en 1985 "Re-Animator" de Stuart Gordon, devenu très vite un classique du film d'horreur gore.

Fort de ce succès, Charles Band rachètera à Dino De Laurentiis, à hauteur de 19 millions de $ et grâce au financement du Crédit Lyonnais (!!), les studios italiens Pontini dans la banlieue de Rome. Là, Empire tournera plusieurs films à budgets moyens (4/5 millions par films, ce qui est quand même énorme pour un studio indépendant) avec ses réalisateurs maison : Stuart Gordon, Albert Pyun et autre David DeCoteau, tout en distribuant en vidéo (marché explosant dans la deuxième partie des 80s) ses bandes Direct-To-Video tournées avec des micro-budgets dans des usines californiennes désaffectées... Incapable de rembourser ses emprunts, Empire mettra la clé sous la porte en 1989, laissant en plan "Robojox" de Stuart Gordon préfigurant en mode fauché les "Transformers" de Michael Bay (le film, bien qu'inachevé, sera monté avec les moyens du bord et sortira directement en vhs).

Durant 6 ans, la boite de Band osera les films les plus improbables : "Slave Girls From Beyond Infinity", "Galactic Gigolo", "Vicious Lips", "Cannibal Women In The Avocado Jungle Of Deat", "Dr Alien",etc...
Les visuels étaient souvent superbes et ont fait les belles heures des chroniques de" Mad Movies" et "l'Ecran Fantastique", mais les bandes, elles, ne volaient pas bien haut, et sont même souvent difficilement regardables aujourd'hui, sauf sous un œil amusé.

Le bouquin repertorie et analyse tous les films produits ou distribués pendant ces 6 années, et il est riche en interviews : C. Band en personne, mais aussi David Schmoeller, Robert Ginty, Stuart Gordon, Albert Pyun, Tim Thomerson, Jeff Burr (entre autre). Les auteurs connaissent parfaitement leur sujet, et les mènent avec brio, revenant sur la fabrication de films, qui pour certains, restent dans les mémoires : "From Beyond, "Dolls", "Creepozoids", et autre "Prison".
On y retrouve des dizaines de photos, les illustrations d'époque des affiches et visuels vidéo, et la mise en page est claire.

Tout un pan du cinéma Bis est traité ici avec respect, sans ne jamais rien cacher des aléas parfois étonnant qui ont permis à certaines oeuvres de voir le jour : budgets serrés, délais trop courts, connaissances minimes de la réalisation pour certains réalisateurs, acteurs has-been ou fauchés qui veulent payer leurs impôts (ou financer la rénovation du toit de leur conservatoire en Toscane, comme Malcolm McDowell qui accepta de jouer dans "The Caller" en 1987 !!).
Bien qu'en anglais, le livre se lit très facilement, et mérite d'avoir une place de choix sur ses étagères dédiées au cinéma, et le tout pour environ 20€ ! 

Quelques visuels "Empire" : 






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