MORT OU VIF de Sam Raimi

Recruté par Sharon Stone, qui souhaitait s'émanciper des derniers rôles sexys qu'elle avait interprété ("Basic instinct", "Sliver", "L'expert") et qui risquaient de l'enfermer définitivement dans le genre polar-hot, Sam Raimi a bondi sur l'occasion de tourner enfin pour une major, et ainsi de pouvoir prouver à la profession qu'il n'était pas simplement un réalisateur de films d'horreur cultes et déglingués. En résulte selon moi un des meilleurs westerns modernes sortis sur les écrans, ainsi qu'une lettre d'amour au genre.

 

Le shérif Hérod règne sur la petit ville paumée de Rédemption, et organise chaque année un concours de duels, qu'il gagne systématiquement, afin d'assoir son joug. Lady, en quête de vengeance après le meurtre de son père, s'y inscrit pour l'affronter.

Bien que basé sur des postulats simples, duel et vengeance sont les 2 thèmes les plus abordés du genre, "Mort ou vif" se démarque du tout venant western : grâce au style incomparable de Sam Raimi, fait de mouvements de caméras alambiqués et recherchés, d'un sens du montage ultra-dynamique, et d'un sens du second degré toujours à bon escient, mais aussi parce qu'il ne décide pas à rendre hommage au western américain ou italien, mais bien aux 2. Ainsi se côtoient aussi bien des plans iconiques tirés directement du cinéma de Sergio Leone (les gros plans sur les regards; le meurtre du père de Lady, renvoyant aux flashbacks du Charles Bronson de "il était une fois dans l'ouest") que de nombreuses références au style américain des grands maîtres, dont John Ford (Sharon Stone qui se substitue à John Wayne, dans l'encadrement de la porte de la grange, comme dans "La prisonnière du désert")
Oui, Sam Raimi paye son tribut au western; mais il le fait avec classe et respect !

Le gros morceau du film, se sont les duels; ils sont nombreux, et tous réalisés dans un style différents, ce qui force le respect (éviter les répétitions de plans sur ce type de scènes, c'est déjà compliqué, mais les varier systématiquement, c'est juste énorme). Au milieu du métrage, le ton change : Hérod ayant changé les règles et imposé la mort aux duellistes, les tensions sont plus grandes, et la peur devient plus palpable dans le regards des jouteurs. Le point culminant étant le duel Gene Hackman/Leo DiCaprio : le père tue le fils, entérinant le fait qu'Hérod est le plus grand salopard que la terre est porté ! Sam Raimi a réuni un casting très classe. Bien que pas fan de Sharon Stone, je la trouve ici très bonne interprète, et elle est épaulé par une belle brochette d'acteur, dont Gene Hackman, Russell Crowe et DiCaprio (ces 2 derniers, peu connus du grand public à l'époque, ont été imposé par l'actrice/productrice). S'y ajoutent, dans des seconds rôles, Lance Hericksen, Keith David, Pat Hingle, Robert Blossom, Gary Sinise et Tobin Bell, soient des acteurs solides à la sacré gueule.
Visuellement magnifique, stylisé et rythmé comme il faut, "Mort ou vif" est un vrai plaisir de cinéphile, et mérite d'être redécouvert, alors qu'il est hélas un peu tombé dans l'oubli.

Le blu-ray édité par Sony, même s'il possède de sérieuses qualités techniques (son et images sont aux p'tits oignons), déçoit car ne possédant aucun bonus. C'est bien dommage car il y avait surement beaucoup à dire sur les différents défis techniques relevés haut-la-main par Raimi.

A noter que la version européenne sortie en salles comportait une scène coupée aux States, ou Sharon Stone et Russell Crowe partagent un moment d'intimité. Celle-ci est bien présente dans le montage proposé sur le bluray.

Russel Crowe joue du flingue :