BLURAY : CHRISTINE de John Carpenter
Fort
du succès de ses 4 premiers long-métrages et 2 téléfilms tournés en
moins de 5 ans, Carpenter est "the" réalisateur que tout les studios
s'arrachent au début des années 80. Universal lui offre "The Thing" sur
un plateau fin 1981, un budget de 15 millions de dollars (2 fois et demi
ce qu'il avait réussi à obtenir pour tourner "Nex-York 1997" avec
Avco-Embassy), et surtout le final-cut tant recherché par les
réalisateurs issus du ciné indépendant. Carpenter livre un sommet de
l'horreur, et par là-même son chef d’œuvre. Hélas, le retour sur
investissement est laborieux (mais le film ne perdra pas d'argent,
atteignant 20 millions de recettes en fin de carrière), dommage
collatéral du succès planétaire du "E.T." de Spielberg...
Fin
1982, le producteur Richard Kobritz contacte Carpenter, qu'il avait
embauché pour réaliser le téléfilm "Meurtre au 43ème étage", et lui
propose de tourner "Christine", le nouveau roman de Stephen King, qu'il a
acheté avant même sa parution. Carpenter, mis à mal par l'échec
(relatif) de son précédent film, accepte aussitôt, et travaille à 4
mains avec le scénariste Bill Philips (dont c'est le premier script). En
même temps, il recrute Kevin Bacon pour jouer un des 2 héros du film,
et squatte toutes les écoles d'acteurs de New-York et Los Angeles, afin
de compléter son casting. Pour le rôle principal, il craque sur Keith
Gordon, jeune acteur révélé par Brian De Palma dans "Pulsions" et "Home
Movies", et l'embauche immédiatement. Bacon préférant tourner
"Footloose", il se rabat sur John Stockwell, recommandé par Curtis
Hanson qui vient de le faire jouer dans sa comédie "American Teenagers"
avec son pote Tom Cruise.
Début
1983, le tournage est lancé, après une intense et complexe
pré-production due à des effets spéciaux particulièrement compliqués, et
à la recherche et la réparation d'exemplaires de la voiture-titre du métrage, la fameuse Plymouth Fury 58.
Arnie Cunningham, ado tête de turc de son collège, tombe littéralement amoureux d'une voiture-épave (appelée Christine par son ancien propriétaire) qu'il se met à retaper, mais ignore que celle-ci est habitée par un esprit diabolique, jaloux et meurtrier. Quand une bande de loubards s'en prend à Arnie et à elle, Christine décide de l'aider à se venger.
Selon
Carpenter (qui a enregistré un commentaire audio avec Keith Gordon pour
l'édition spéciale sortie en dvd à l'occasion des 20 ans du film), le
tournage de "Christine " a été le plus agréable et détendu de sa carrière; cela
transparait indéniablement dans le film, tant celui-ci est plus léger
que ses œuvres précédentes ou a venir. A coup sur, le fait que les personnages
principaux soient de jeunes adultes tout juste sortis de l'adolescence
et allant encore au collège donne au film une tonalité moins sombre,
même si le thème fantastique principal emmène le métrage dans une 2ème
partie un peu plus noire et violente.Arnie Cunningham, ado tête de turc de son collège, tombe littéralement amoureux d'une voiture-épave (appelée Christine par son ancien propriétaire) qu'il se met à retaper, mais ignore que celle-ci est habitée par un esprit diabolique, jaloux et meurtrier. Quand une bande de loubards s'en prend à Arnie et à elle, Christine décide de l'aider à se venger.
Les pavés de King ont toujours eu la réputation d'être difficilement transposables sur grand écran, tant ils fourmillent d'histoires secondaires et de détails. Le scénariste Bill Philips souhaitait rester au plus prêt des écrits du romancier, mais a décidé de modifier l'élément principal justifiant l'aspect diabolique de Christine : dans le roman, elle est possédée par l'esprit de son ancien propriétaire, Lebay, et celui-ci apparait à Arnie et le guide dans sa vengeance. Philips et Carpenter ayant estimé que cet aspect du roman était trop proche du "loup-garou de Londres" de John Landis (ou Griffin Dunne, après avoir été massacré par le monstre en titre, apparait régulièrement à David Naughton, malgré son état de plus en plus délabré), ils ont choisi d'introduire le film par une séquence ou l'on découvre que la voiture, alors sur la chaine de montage est déjà possédée par un esprit diabolique. Un choix qui était peut-être judicieux à l'époque, mais que le réalisateur a désormais renié; il a même reconnu depuis que ce changement a nui au succès du film (les fans de King souhaitant retrouver au maximum la patte du maître dans les adaptations cinématographiques de ses romans), et que le film aurait été bien effrayant avec un Lebay fantomatique parlant à Arnie depuis le siège arrière de Christine.
Et c'est vrai que "Christine" ne fait pas peur : on s'y marre bien, on s’émerveille devant les prouesses techniques mises en œuvres pour donner vie à la voiture (des effets qui n'ont pas vieilli, bien que le film ait été tourné en 1982 !), on tape du pied à l'écoute des nombreux tubes rétros qui parsèment le métrage, mais on n'y sursaute pas, on ne tremble pas vraiment pour Dennis (le seul ami d'Arnie) et Leigh (sa copine), quand ceux-ci décident de détruire la voiture après avoir compris qu'elle est tout simplement une entité manipulatrice et tueuse.
Mais Carpenter prend néanmoins un risque flagrant : faire de son film une histoire d'amour étrange, chargée de sous-entendus et tensions sexuels (le "show me" susurré par Arnie à Christine afin qu'elle lui montre ses dessous, soit sa transformation de vilain petit canard en belle caisse rutilante; les câlins d'Arnie sur le volant, après que Christine ait refusé de démarrer; la dernière caresse d'Arnie sur le pare-choc, quelques secondes avant de mourir; l'engin de chantier détruisant Christine en lui roulant dessus, qualifié par Carpenter de sodomie !); un ménage à 3 étonnant ou le plus jaloux n'est pas un être humain mais une voiture, ça c'était du jamais vu !
Mais même un Carpenter mineur (selon la critique et le public... Pour moi il n'y a pas de Carpenter mineur : tout ses films sont des chefs d’œuvres !!!!) reste un bon film, et "Christine, 32 ans après, est toujours aussi sympathique.
Le bluray édité par Sony en Allemagne est très soignée, rendant totalement justice à la magnifique photo de Donald Morgan (que Carpenter avait embauché sur son "Roman d'Elvis" et qu'il retrouvera l'année suivante pour "Starman"). On ne dira jamais assez que les films de Carpenter sont toujours bien photographiés, et que sa maitrise du cinémascope le place parmi les meilleurs utilisateurs de ce format !
Sony a eu la bonne idée de reprendre les bonus de l'édition 20ème anniversaire : le commentaire audio de Carpenter et Gordon, les scènes coupées (plus de 25 mns) et différents modules de making of revenant sur le tournage et les effets spéciaux.
La bande sonore a été remastérisée de belle façon en Dts 5.1, offrant de discrets effets arrières mais une belle dynamique générale. La version française d'origine est présente (on y retrouve Lambert Wilson qui double John Stockwell) mais il n'y a pas de sous-titres français sur le film (pourtant, tous les suppléments, y compris le commentaire, ont cette option !).
A noter que l'éditeur américain Twilight Time avait sorti une édition blu-ray zonée A et limitée à 3000 exemplaires en 2013, et que celle-ci, comme toujours chez cet éditeur, avait atteint des prix démesurés sur le marché de l'occaz ! La présente édition est qualitativement identique, mise à part des langues et sous-titres supplémentaires. Une bonne nouvelle pour les fans, qui n'ont plus besoin de sortir 200$ pour se le chopper !
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