BLURAY : LA MARQUE DU DIABLE de Michael Armsrong & Adrian Hoven


"La marque de diable" vient de sortir sur support bluray en Angleterre chez le toujours excellent distributeur Arrow. Une édition très soignée qui propose le film dans sa version intégrale et remastérisée aux petits oignons. Mais quand est-il du long-métrage lui-même, qui est devenu au fil du temps une œuvre mythique pour tous les fans de film d'horreur ?
Je n'avais jamais revu ce film depuis le début des années 80, lorsqu'il avait été édité dans la collection "les films que vous ne verrez jamais à la télévision" chez René Chateau Vidéo. J'étais très jeune à l'époque, et il m'avait semblé réellement dégueulasse, me laissant sur les rotules par son défilé incessant de tortures réalistes et malsaines. Le revoir aujourd'hui, 30 ans après, me permet d'avoir un tout autre regard dessus : les séances de tortures sont toujours aussi impressionnantes, même si moins nombreuses et surtout bien moins démonstratives que dans mes souvenirs; Reggie Nalder est toujours aussi taré dans le rôle du pervers traqueur de sorcières psychopathe Albino (et quelle gueule il avait !), Udo Kier avait déjà cette face d'ange (du mal) si particulière et dérangeante, Herbert Lom se croit toujours dans un des films de la série "La panthère rose" qui a fait sa gloire et surjoue totalement son personnage de Lord Cumberland, et Olivera Vuco a perdu de sa superbe en serveuse de taverne frondeuse et sexy.
"La marque du diable" n'est donc plus pour moi le "torture-porn" matriciel que j'avais en mémoire. Certes sa réputation sulfureuse était totalement justifiée, en faisant au début des années 70 un des films les plus violents jamais tournés et ainsi donc s'est vu refusé une sortie en salles dans de nombreux pays; mais sa réputation, il la doit aussi à une affiche superbe et gore à souhait... Combien de clients de vidéo-club scotchaient devant, appâté par l'annonce d'un spectacle jusqu'ici jamais vu ?
Comme beaucoup, je m'étais pris au jeu et l'avais loué un samedi soir pour un visionnage entre potes. A l'époque, bien entendu, les attaques virulentes contre l'attitude de l'église catholique pendant l'inquisition m'avaient complétement échappé. Aujourd'hui, le discours me parait bien plus limpide : l'apprenti interprété par Udo Kier, n'est plus pour moi un simple "couillon" amoureux transi qui cherche à sauver la femme qu'il aime et qui est menacée par son mentor, mais bien un jeune bourgeois aveuglé par sa foi, et qui en ouvrant enfin grand les yeux, découvre les abominations faites au nom de l'église par ses semblables, de riches sadiques avides de pouvoir qui se vautrent dans une luxure qu'ils interdisent à leurs paroissiens ! Viols, meurtres, folie et tortures, tels sont les outils utilisés par les réalisateurs Michael Armstrong et Adrian Hoven pour appuyer leur réquisitoire. Des images qui interviennent dès le générique d'ouverture, et qui même si elles ont été largement surpassées depuis, restent quasi fascinantes par leur violence et leur réalisme (surtout quand on sait que les outils utilisés par les tortionnaires sont tous réels et d'époque !).
A noter qu'une fausse suite a été tourné en 1973, distribuée en salles en France, sous le titre "La torture".



La copie proposée par Arrow est assez incroyable pour un film tourné il y a 45 ans en Autriche, dans des conditions souvent difficiles : elle est très précise et affiche des couleurs pétantes (la copie VHS n'était vraiment pas terrible, ceci-dit...) qui en fait la plus belle version vue jusqu'ici ! La bande son reprend la piste originale allemande ainsi que le doublage anglais (agrémenté de sous-titres anglais, comme d'habitude chez ce distributeur). La liste des bonus est impressionnante : commentaire audio, making-of, retour sur les lieux du tournage, interviews, scènes coupées... Bref, tout le savoir-faire de Arrow (je n'ai pas encore attaqué le visionnage de ces bonus, mais je vais m'y atteler rapidement...!).


Le célèbre sac à vomi offert aux spectateurs lors de la diffusion du film dans les salles américaines :


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