TRUE DETECTIVE de Nic Pizzolatto
Attention spoilers ! Il est préférable d'avoir vu la série avant de lire ce post.
Rares sont les séries tv qui, en qualité visuelles et scénaristiques, peuvent rivaliser avec des long-métrages. 'True Detective" peut non seulement se targuer de cet état de fait, mais peut même se vanter de laisser loin derrière elle une grande partie des polars récents sortis en salles. C'est en soi un évènement qui en dit long sur l'état du cinéma à l'heure actuelle, et d'Hollywood en particulier. Alors qu'il y a quelques années encore, apparaitre dans une série était, pour un acteur, signe de fin de carrière et/ou un besoin de remplir son compte en banque pour honorer des payements d'impôts urgents, voici que les plus grands networks embauchent à tour de bras des stars reconnus mondialement pour les faire tourner dans leurs mini-séries et feuilletons. Et "True Detective" fait indéniablement parti de ces évènements télévisuels rares...
Créée par le romancier Nic Pizzolatto et réalisée par Cary Joji Fukunaga, "True Detective" a été un carton total durant le premier trimestre 2014, la diffusion de chaque épisode sur HBO réunissant plus de 10 millions de téléspectateurs. C'est presque une aberration quand on sait que l'enquête policière ici comptée est d'une noirceur et d'une violence absolues au regard des standards télévisuels pratiqués généralement !
Les 8 épisodes sont scindés en 2 parties :
La première tourne autour de l'interrogatoire des ex-flics Cohle et Hart, qui avaient enquêté sur le meurtre rituel d'une prostituée en 1995. Alors qu'ils pensaient avoir résolu l'affaire, un nouveau cadavre les oblige à revenir sur leurs investigations d'alors, les replongeant ainsi dans des souvenirs douloureux qui ont visiblement laissés des traces indélébiles : Cohle est depuis devenu alcoolique et drogué, et le mariage de Hart a sombré, et tous 2 ont démissionné.
En flashback, le spectateur accompagne ce duo antinomique dans son enquête et plonge dans les ténèbres, dans une Louisiane précaire, rustique et malsaine ou tous les indices les amènent à suspecter une secte sataniste adepte de la pédophilie et du meurtre. Cohle le nouveau flic en ville a un passé trouble (divorcé après la mort accidentelle de sa fille, il a été infiltré pendant 4 ans dans un gang de motards dealers de drogues), et ne s'entend avec personne y compris son collègue Hart, flic a priori intègre et heureux en ménage qui cache lui aussi une double vie (dragueur invétéré, il trompe allègrement sa femme Maggie). Néanmoins, ils ont en commun l'envie voir le besoin de résoudre cette affaire, et mettent de coté leurs différences pour ce faire.
Ici, le ton et les images sont dures. Au long de leurs investigations, les 2 détectives rencontrent et interrogent des témoins qui pataugent dans la crasse et la misère; cette misère dont ils ont du mal à se défaire en rentrant chez eux le soir, et qui pervertit leurs âmes déjà bien assez assombries par leurs travers et/ou leurs traumas. Cohle sera même obligé de retourner en infiltration dans son ancien gang, afin de pouvoir remonter une piste qui pourrait les mener aux tueurs; là, il retombera à nouveau dans la drogue pour donner le change, ainsi que dans la violence, les motards lui proposant de braquer des dealers, ce qui donnera lieu à la seule scène réellement d'action de toute la série : le braquage se déroule mal, et s'en suit une fusillade cinématographiquement homérique et tournée en plan séquence sur plusieurs pattés de maisons. 6 à 7 minutes qui pourraient en remontrer à la plupart des réalisateurs en activité aujourd'hui, et qui doivent aussi bien à John McTiernan qu"à Michael Mann ! Alors que le scénariste aurait pu choisir une approche beaucoup plus traditionnelle du déroulement de son histoire, 10 minutes de parlotte/10 minutes d'action soit la norme standard de l'actionner bourrin classique, ici rien de tout ça. Chaque épisode d'une heure apporte son lot de nouvelles pistes et de révélations, et l'action pure et dure passe au second plan. Une charte scénaristique parfaitement mise en scène grâce à une réalisation aux mouvements de caméras très fluides qui utilise les travellings régulièrement, sans en abuser. Cette supposée lenteur (sud des États-Unis oblige) ne créé jamais l'ennui, bien au contraire, mais instaure un climat tendu qui fait tout le sel de cette mini-série.
Cette première partie s'achève dans une apothéose de violence : l'épisode 4 voit Cohle et Hart retrouver enfin les coupables, des dealers pervers et déjantés dignes du "Délivrance" de John Boorman, et les abattre, dégoutés qu'ils sont par les horreurs découvertes dans leur tanière...
Rares sont les séries tv qui, en qualité visuelles et scénaristiques, peuvent rivaliser avec des long-métrages. 'True Detective" peut non seulement se targuer de cet état de fait, mais peut même se vanter de laisser loin derrière elle une grande partie des polars récents sortis en salles. C'est en soi un évènement qui en dit long sur l'état du cinéma à l'heure actuelle, et d'Hollywood en particulier. Alors qu'il y a quelques années encore, apparaitre dans une série était, pour un acteur, signe de fin de carrière et/ou un besoin de remplir son compte en banque pour honorer des payements d'impôts urgents, voici que les plus grands networks embauchent à tour de bras des stars reconnus mondialement pour les faire tourner dans leurs mini-séries et feuilletons. Et "True Detective" fait indéniablement parti de ces évènements télévisuels rares...
Créée par le romancier Nic Pizzolatto et réalisée par Cary Joji Fukunaga, "True Detective" a été un carton total durant le premier trimestre 2014, la diffusion de chaque épisode sur HBO réunissant plus de 10 millions de téléspectateurs. C'est presque une aberration quand on sait que l'enquête policière ici comptée est d'une noirceur et d'une violence absolues au regard des standards télévisuels pratiqués généralement !
Les 8 épisodes sont scindés en 2 parties :
La première tourne autour de l'interrogatoire des ex-flics Cohle et Hart, qui avaient enquêté sur le meurtre rituel d'une prostituée en 1995. Alors qu'ils pensaient avoir résolu l'affaire, un nouveau cadavre les oblige à revenir sur leurs investigations d'alors, les replongeant ainsi dans des souvenirs douloureux qui ont visiblement laissés des traces indélébiles : Cohle est depuis devenu alcoolique et drogué, et le mariage de Hart a sombré, et tous 2 ont démissionné.
En flashback, le spectateur accompagne ce duo antinomique dans son enquête et plonge dans les ténèbres, dans une Louisiane précaire, rustique et malsaine ou tous les indices les amènent à suspecter une secte sataniste adepte de la pédophilie et du meurtre. Cohle le nouveau flic en ville a un passé trouble (divorcé après la mort accidentelle de sa fille, il a été infiltré pendant 4 ans dans un gang de motards dealers de drogues), et ne s'entend avec personne y compris son collègue Hart, flic a priori intègre et heureux en ménage qui cache lui aussi une double vie (dragueur invétéré, il trompe allègrement sa femme Maggie). Néanmoins, ils ont en commun l'envie voir le besoin de résoudre cette affaire, et mettent de coté leurs différences pour ce faire.
Ici, le ton et les images sont dures. Au long de leurs investigations, les 2 détectives rencontrent et interrogent des témoins qui pataugent dans la crasse et la misère; cette misère dont ils ont du mal à se défaire en rentrant chez eux le soir, et qui pervertit leurs âmes déjà bien assez assombries par leurs travers et/ou leurs traumas. Cohle sera même obligé de retourner en infiltration dans son ancien gang, afin de pouvoir remonter une piste qui pourrait les mener aux tueurs; là, il retombera à nouveau dans la drogue pour donner le change, ainsi que dans la violence, les motards lui proposant de braquer des dealers, ce qui donnera lieu à la seule scène réellement d'action de toute la série : le braquage se déroule mal, et s'en suit une fusillade cinématographiquement homérique et tournée en plan séquence sur plusieurs pattés de maisons. 6 à 7 minutes qui pourraient en remontrer à la plupart des réalisateurs en activité aujourd'hui, et qui doivent aussi bien à John McTiernan qu"à Michael Mann ! Alors que le scénariste aurait pu choisir une approche beaucoup plus traditionnelle du déroulement de son histoire, 10 minutes de parlotte/10 minutes d'action soit la norme standard de l'actionner bourrin classique, ici rien de tout ça. Chaque épisode d'une heure apporte son lot de nouvelles pistes et de révélations, et l'action pure et dure passe au second plan. Une charte scénaristique parfaitement mise en scène grâce à une réalisation aux mouvements de caméras très fluides qui utilise les travellings régulièrement, sans en abuser. Cette supposée lenteur (sud des États-Unis oblige) ne créé jamais l'ennui, bien au contraire, mais instaure un climat tendu qui fait tout le sel de cette mini-série.
Cette première partie s'achève dans une apothéose de violence : l'épisode 4 voit Cohle et Hart retrouver enfin les coupables, des dealers pervers et déjantés dignes du "Délivrance" de John Boorman, et les abattre, dégoutés qu'ils sont par les horreurs découvertes dans leur tanière...
Au début de la deuxième partie, c'est au tour de l'ex-femme de Hart d'être interrogée, les inspecteurs en chargent de l'enquête en 2012 souhaitant découvrir les raisons qui ont poussé nos deux héros à quitter la police. Les flashbacks concernent désormais l'année 2002 : Cohle tente de passer à autre chose mais n'y arrive pas, persuadé qu'il y avait encore beaucoup à découvrir sur l'affaire clôturée 7 ans auparavant, alors que Hart lui, retombe dans ses travers, le démon de midi le chatouillant toujours autant. Ne supportant plus les infidélités de son mari, Maggie se venge en couchant avec Cohle et le révèle à son mari. Les 2 coéquipiers règlent leur différent mano-a-mano, et Cohle démissionne.
En parallèle, et à notre époque, Cohle et Hart se retrouvent, font fi de leurs désaccords, et reprennent l'enquête de 1995. Les années ont passé, certes, mais certaines pistes inexplorées ou n'ayant pas abouties ont pu être relancées par un Cohle totalement obsédé par de nouveaux éléments mis à jour et confirmant ses craintes passées : les 2 tarés abattus n'étaient qu'un maillon de la chaine, et le ou les véritable coupables courent toujours, protégés par des politiciens et/ou des instances religieuses locales !
Ces 3 épisodes sont riches en rebondissements et culminent dans une dernière partie particulièrement effrayante et tétanisante, qui voit Cohle et Hart investir le domaine ou ont eu lieu les meurtres, et découvrir enfin l'identité du taré en chef, Errol Childress : une ordure comme on en voit peu, un véritable psychopathe de compétition adepte du sacrifice rituel entre 2 coucheries avec sa sœur !
Alors que le téléspectateur pensait avoir atteint un degré assez élevé dans le poisseux avec les épisode précédents, le grand final est un nouveau palier dans le sordide : Cohle et Hart font face à une violence crue et sanglante, Errol Childress jouant allègrement du couteau de boucher et de la hache dans les couloirs miséreux de son antre diabolique.
Pas une seule fois au cour des quasi 8 heures que dure la mini-série, la tension ne retombe; au contraire, elle s’amplifie de minutes en minutes, le scénario distillant avec intelligence ses rebondissements malins. Mais tout cela ne serait rien sans l'interprétation des principaux protagonistes, Matthew McConaughey en tête. Il livre là une performance inoubliable, de celles qui resteront dans les annales. Au-delà de la transformation physique, on sent là un investissement de tous les instants, et à coup sur l'acteur a du plonger dans des recoins particulièrement sombres de sa personnalité pour aboutir à un tel résultat. Woody Harrelson n'est pas en reste, et complète le duo formidablement, de même que tous les seconds rôles choisis au diapason.
"True Detective" mérite totalement le succès rencontré, et représente à mon avis le must absolu de la tv, digne des meilleurs polars cinématographiques des grands maitres. Frôlant régulièrement avec l'horreur sans jamais passer le pas, cette mini-série démontre que le mélange des genres, s'il est intelligemment fait, peut créer une pièce unique (bien qu'une deuxième saison soit en tournage, avec des nouveaux héros et une nouvelle enquête policière), un ovni télévisuel sans aucune mesure avec ce qui a été fait précédemment, et qui restera dans les mémoires comme une des pièces maitresses du renouveau de la télé moderne...Ni plus ni moins !
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