BLURAY : LE RITE de Michael Hafström

 

Quelle que soit la piste choisi par un metteur en scène ou un scénariste pour traiter d'un cas de possession et/ou d'exorcisme, le public jugera systématiquement le film en le comparant au chef d’œuvre de William Friedkin, pourtant tourné il y a plus de 45 ans. Et c'est qu'il y en a eu un paquet, des cinéastes qui s'y sont frottés... Mais rien n'y fait, "L'exorciste" reste indéboulonnable, dans le cœur des fans, comme le meilleur film sur le sujet, voir comme le film le plus terrifiant jamais tourné.

Michael Hafström a tenté le coup avec ce "Rite" de bonne facture :

Michael Kovack, jeune séminariste américain qui a des doutes sur sa foi, est envoyé au Vatican afin de suivre des cours d'exorcisme. Il y rencontre le père Lucas Trevant, qui tente d'exorciser une jeune adolescente italienne possédée. Mais le démon change de corps, et prend pour cible Trevant.

Le réalisateur a dégainé ici plusieurs arguments de poids : 

• L'adaptation du best-seller de Matt Baglio, écrivain-journaliste qui a suivi un prêtre américain dans sa formation d'exorciste au Vatican.
• Il a évité les clichés du genre en choisissant de tourner ses séquences de possessions en restant au plus prêt des descriptions faites par l'auteur.
• Gary Thomas, le prêtre du livre, a été recruté comme conseiller technique.

En résumé, Hafström joue la carte du réalisme et de la fidélité aux évènement rapportés par Matt Baglio. Et c'est vrai que tout fait plutôt vrai ici. 

Le seul mais réel soucis de son film, c'est que le studio producteur, pourtant déjà à l’œuvre sur le film de Friedkin, a choisi de faire un métrage grand public. Obtenir un "PG-13", c'est ne pas compromettre le succès d'un film en salles en le promotionnant de la façon la plus large possible, de nombreux médias américains refusant depuis longtemps les pubs de films "R" ou "NC-17". Oui mais voilà, un film d'horreur "PG-13", c'est un film qui n'en montre pas assez pour les accros aux films du genre et qui est bridé afin d'effrayer la ménagère ! (et je n'ai rien contre les ménagères, hein...Je les aime, même, les ménagères...).

Du coup, "Le Rite" se regarde sans ennui, et effraye gentiment dans sa première partie, une longue séance d'exorcisme sur Rosaria, adolescente enceinte après avoir été abusé par son père, et montrant des signes de possession flagrante; des signes certes moins cinématographiques que ceux employés par Friedkin, mais qui restent tout de même parfois glaçants (contorsions et tremblements, crachas de clous, etc...). C'est dans la deuxième partie que ça se corse : le réalisateur choisit un chemin plus convenu, le jeune prêtre sceptique devant faire face à ses propres doutes et à ses peurs en affrontant le démon qui a pris possession de son mentor. Là, Hafström (qui nous avait déjà fait le coup avec "Chambre 1418", un autre thriller horrifique commençant bien mais partant en sucette au bout de 45 minutes) dégaine l'artillerie lourde hollywoodienne tout en demandant à Anthony Hopkins d'en rajouter des caisses (et j'ai beau énormément apprécier cet acteur, le Hopkins, quand il doit surjouer, il sait faire), et tombe ainsi dans une certaine facilité commerciale : c'est clair, avoir Anthony Hopkins dans un thriller horrifique, c'est obligatoirement être tenté de le faire rejouer son Hannibal Lekter de prédilection, ce qu'il fait bien volontiers lorsqu'on lui demande !

Au final, et bien qu'annoncé comme terrifiant (n'ayant pas une prédilection pour le genre, j'avais repoussé depuis longtemps la vision du film, le livre m'ayant largement suffi), le métrage manque d'audace, n'assume pas son statut de film d'horreur, et déçoit donc, se laissant regarder mollement du coin de l’œil.

Le bluray édité par Warner a de belles qualités techniques. Il retranscrit très bien les images sombres et ténébreuses voulues par le réalisateur, et la bande son fait son job avec précision, distillant des effets surround efficaces.

Les bonus sont un peu légers : un module sur le vrai prêtre exorciste (7 petites minutes bien trop rapides à mon goût), quelques scènes coupées peu intéressantes, et une fin alternative qui n'a d'effrayante que de nom.

La bande annonce :